LES CLOCHES DE VERRE ..
La femme poète s’empare des instants, d’une foule criarde, l’espace narcotique entre deux étreintes, du regard absent d’un passant, du beau pourrissement des fleurs dans le vase pour crier un ciel dont elle est dépossédée, le versant noir d’un monde clos.
La petite fille a fait place à une femme qui vit dans la solitude pour avoir quitté le jardin des tendresses innocentes, pour une perception des ténèbres qu’elle transpose en versets.
Avec des images lourdes, des métaphores, auréolées de lavis son œil glisse sur ce qu’elle voit, tel un dépassement, une manière de tendre vers la lumière et d’échapper ainsi à l’aliénation, au carcan du discours masculin avec un langage nouveau autant que passionnel.
Elles reflètent parfois des choses naïves et enfantines d’une prose douloureusement honnête, qui rappelle à quel point les femmes sont figées sous une cloche de verre,
D'un trait, d’une séquence l’écriture et le dessin se rejoignant souvent, en empruntant l’immense labyrinthe de la mémoire et ainsi laissent remonter à la surface les mots et les moments.
Leur poésie est un objet accidenté, avec des proses précipitées elle raconte un féminin dégradé, un désir perverti, la petite fille avant les frustrations et interdits dans une écriture qui vient du corps profond.
Les poétesses parlent d’elles mêmes et de ce qu’elles ressentent, nous rappelant aussi à quel point les femmes lisent mieux leurs semblables et que sans être une littérature de combat leur poésie désigne un monde qui n’est qu’un mauvais rêve.
Elles sont là pour penser la vie, décrypter l’ombre, essuyer une femme terrible pour en faire « un homme sensuel et serein » en rejetant loin les siècles de non-parlés.
Ni muse, ni inspiratrice elle se définit comme la voix du monde, tout en se cherchant dans les mots, elle s’invente et parle à l'autre de soi, en faisant l’aveu de son corps avec une prose vigoureuse et hardie, perçue comme la transgression absolue.
Être poète c’est être amoureux, parler des effets de la passion, des douleurs et bien être de l’amour à ce détail près que l’écriture féminine a une sexualité plurielle, tout en conservant la gloire réservée aux hommes, elle murmure les non-dits de l existence féminine.
Avec des cris inarticulés, l’univers de l’intime passe d’objet à sujet, dans une forme de transcendance dans laquelle elles parlent de leurs frustrations, élans et privations morcelés par les interdits des morales, religieuses et sociales.
La parole muselée, le langage interdit et étouffé par les fantasmes masculins, elles peinent à exorciser les pensées qui bousculent l’ordre en faisant parler les mots du corps.
L’ambiguïté du sexe de l’écriture permet le voyage de soi, le filtre de la pensée entre tension et transgression, l’identité de la poétesse n’existant pas, la conscience se doit d’être singulière afin d’exprimer les émotions vives.
Une écriture totalement libre est telle dessiner, peindre et sculpter c’est transgresser les idées reçues car il faudrait tenir les corps à distance du langage, les jours d’attachement à ces mystères n’étant pas encore de mise.
L’ire d’amour n’est jamais loin quant à ce fameux continent noir qui se doit d’être confiné car il dérange tout autant qu’il fait peur, preuve en est les tentatives de féminisation du langage qui ne sont rien d autre que les relents d’une supériorité masculine a peine avouée....
Pour ma part vous êtes des « POÈTES »
AUX AMIES QUI SE RECONNAÎTRONT
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