UN ENTERREMENT
UN ENTERREMENT
Un chemin escarpé niché entre des entrelacs de broussailles difficilement accessible à pied et surtout pour des gens de la ville, pierreux et qui faisait des sinuosités que les lézards aiment emprunter, nous a conduit vers ce cimetière que rien ne laisse deviner, caché entre deux creux de montagne comme loin des regards du quotidien.
La tombe était déjà creusée, telle a l’habitude profonde et assez large tel pour ne pas mettre à l’étroit un corps que la vie avait déjà malmené, la maladie abimé, dont la souffrance avait à force accentué le désir de délivrance, un corps encore jeune, celui d’une jeune femme de quarante cinq ans m’a t-on dit !
Le cops a été porté par une poignée d’hommes, juste posé sur une sorte planche recouverte de draps fins, personne ne manifestait de fatigue et ce malgré la distance parcourue tel s’il fallait faire montre de respect, honorer celle qui quittait définitivement ce monde qui lui devenait trop douloureux, pénible pour les siens et soi et tous les regards à l’entour.
Je n’ai pas ressenti de la tristesse, seulement une réserve de circonstances, quelques embrassades, il y avait même des enfants auxquels on enseignait que la mort faisait partie de l’ordre des choses, un passage obligé qui se devait d’être accepté avec un profond respect pour la personne qui nous quitte, et dont on préserve l’intimité du regard de la foule, il n’y avait pas de cercueil.
C’était bien la première fois que j’étais témoin d’une mise en terre comme recommandée par notre religion, et j’étais dans l’émotion de l’instant, empli d’une humilité qui me portait vers un ailleurs qui me faisait entrevoir ce qui se doit d’être la quête inconsciente de toujours de tout être humain, et qui nous échappe du fait d’un monde devenu d’un vide spirituel absolu, tellement matérialiste et tourné vers des futilités.
Il est des moments comme ça où les hommes prennent le contrepied d’un quotidien qui les fait dériver, les poussent vers des considérations si distinctes de la nature originelle qui est la leur, se transforment à leur insu en démons de toutes sortes plus ou moins malaisants pour leurs semblables et eux-mêmes, si éloignés de la nature et de celui vers lequel ils se tournent alors.
Le moment n’était pas triste, plutôt grave comme si tout un chacun se rendait compte un court instant de sa condition de mortel, de la vanité des choses et surtout du fait que l’on dit couramment " le bas monde "sans concevoir qu’il est lié à la l’aveuglement qui nous pousse à la bassesse sans même nous interroger outre mesure, comme si nous étions dénués de ce qui fait de nous des humains.
La prière qui s’est ensuivie, a établi un silence où chacun se recueillait en son intérieur, une sorte de dialogue avec soi, pour éloigner les appréhensions, les craintes devenues trop présentes et si bruyantes d’un coup d’avoir été longtemps éloignées comme si on pensait les faire disparaître jusqu’à ce qu’adviennent ces rappels qui emplissent d’une humilité non feinte chacun d’entre nous.
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