IL EST SOUVENT TROP TARD....
J'ai souvent eu l'impression de n'être pas là ou je devrais, toujours éloigné de ce que je désirais, comme celui qui semble de trop, quant aux bonheurs de la vie.
La vie s'amusant à permettre le rêve éphémère, comme ce qui s'offre sans le désir qui va avec, les possibilités qui ne mènent qu'à la frustration à un moment ou un autre...
Enfant j'ai été somnambule, je faisais des rêves emplis de trésor, de l'argent qui nous manquait, de la maison dont je n'aurais pas honte, des livres en devanture de la librairie de notre rue, de parents dont je n’aurais pas à rougir.
Il arrivait souvent, que dans l'un d'entre eux j'avais des pièces plein les mains, tout en étant conscient que je dormais, j'allais tremblotant allumer la lumière pour à mon grand désarroi les voir disparaître, la colère ne me lâchant jamais.
A l'école je comprenais les questions, je savais les réponses, mais ne levais jamais la main comme pour ne pas me faire remarquer, de ceux qui m’accueillaient, qui me permettaient le savoir, de ne pas oublier que je venais d'un pays en guerre.
Mes parents étaient juste une structure qui me permettait de subsister, qui m'éloignait de la faim, me protégeait du froid, mais surtout me donnait la rage de grandir, afin ne plus plus dépendre de qui que ce soit, car en leurs yeux je ne trouvais rien.
Et j'ai grandi, l'horizon s'éloignant davantage au fil des ans, comme si les frustrations n'étaient qu'un moteur pour une volonté farouche, qui appelait un esprit revanchard, j'avançais muré dans mes silences criants de solitude.
J'ai vu des enfants heureux, des adolescents joyeux, des jeunes filles épanouies, je n'ignorais rien de leurs sorties, de l'existence des boites de nuit, des anniversaires auxquels je n'étais point convié, n’étant que l’arabe et à ce titre bien peu fréquentable.
Mes amis étaient Italiens, portugais, gitans, des errants en quête de rien, des enfants qui fuyaient comme ils pouvaient la violence morale et matérielle, bien souvent physique pour lesquels j'étais d'un grand secours car j'étais futé, j'avais l'instinct de survie.
J'ai réussi "la vie" car la haine fait de vous son obligé, le manque d'amour étant le vent contraire à l’épanouissement personnel, juste bon à vous pousser à faire du fric, avoir une belle bagnole, avoir des copains et davantage attirer les filles.
je n'ai pas souvent été moi, le romantique se muant en voyou, celui qui voulait toujours avoir raison, qui changeait de petite amie sur un coup de tête, plutôt enclin aux erreurs de jeunesse permises sur le tard, mais heureusement toujours amoureux des livres.
En devenant époux et père j'ai tenté de devenir un autre, de faire ressortir le gamin aux mille désirs, tout en me heurtant au temps, qui nous offre toujours les choses un peu trop tard, des histoires belles à en mourir, des romances qui font souffrir.
J'ai eu à mes côtés des femmes plus jolies les unes que les autres, mariées lorsque moi je ne l'étais pas encore, puis libres quand je ne l'étais plus, tel si le destin s'acharnait sur l'enfant que je demeurais au fond de moi.
J'ai souri en me disant, que l'âge aidant les choses finiraient par se poser, que mes yeux seraient moins enclins à la rêverie, que les femmes que j'oserai imaginer à mes côtés seraient plus sages pour deux et que je me tournerai plutôt sur ce qui est, moins sur ce qui un jour prochain ne serait plus.
Mais c'était sans compter sur le charme féminin qui ne s'éteint pas, ces femmes qui de par leur seul silence vous ruinent l'âme en créant le manque, qui devient rapidement le vide auquel vous rêviez toujours d'échapper.
Même s'il est trop tard pour vivre, il n'en demeure pas moins que j'ai eu le privilège des heureuses rencontres, des visages que le temps estompera, des regards que je crois retrouver dans chacune de celles que je croise.
L'enfant en moi a été aimé au delà de toute raison, mais son cœur tout entier tourné vers une mère,ce seul amour que la vie a détourné, il vit une errance qui ne prendra plus fin, malgré que les femmes de sa vie tentent désespérément de le rendre heureux....
A ce moment de mon existence, au carrefour propice à la sérénité qui convient à l’homme éprouvé, j’ai découvert la plus vraie d’entre-toutes qui ne veut rien entendre comme si c’était celle qui savait dire non pour deux...
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