SE LEVER LE CŒUR AILLEURS...




  S’éveiller le cœur ailleurs, dans un passé qu'avec toi je partageais, dans une cour qui n'était grande que pour nos yeux d'enfants, nos cris qui dérangeaient les grands et des jeux sans le moindre jouet.
 
Ouvrir les yeux sur un vaste passé fait de tout ce qui nous a manqué, entouré d'adultes dont nous n'étions certes pas l'horizon, de n'avoir jamais eux mêmes connu la moindre enfance. 

Ce matin le cœur n'est plus là tout entier drapé de ce qui ne sera plus comme avant, tel ce morceau de moi que tu as arraché pour t'accompagner dans un autre monde, froid et solitaire, celui dont ne faisait que parler des parents dont c'était la seule richesse.

Ta vie s'arrête, les nôtres continueront sans trop savoir vers ou, vers quoi, comme de vivre sans porter dans nos yeux la lumière qu'est l'espoir, qui nous fait miroiter des printemps merveilleux, si loin de la tristesse qui  a baigné notre enfance.

Pendant quelques jours le poids des ans se fera sentir davantage, de précipiter à moi le souvenir  que ton départ aura embelli, même s'il n'en n'a rien été tant les effluves de nos frustrations me submergent, me mettent mal à l'aise quant à l’étrangeté qu'a revêtue la tienne.

Je t'ai toujours regardée la vivre de loin, comme si la mienne me pesait déjà assez, tout entier tourné vers ce destin orgueilleux qui s'était juré de nous faire toujours plus mal, plus qu'à nos parents venus d'un pays ou souffrir est dans la logique des choses.

Nous nous sommes aveuglés dans d’hypothétiques réussites, nous avons rêvé comme les enfants de notre âge, sans tenir compte du fait que ceux-ci ont eu l'enfance heureuse qui permet d'aborder sereinement l'abrupt chemin que demeurera toujours la vie.

D'aucuns s'en sont sortis, d'autres moins mais si heureux de nous retrouver pour rire aux éclats de la démesure des corrections que nous ne manquions pas de recevoir, lorsque la promiscuité nous faisait pousser des cris d'orfraie au grand dam des adultes nés excédés. 

Je t'espère l'écho de tous tes espoirs sur terre avortés, le sourire qui repousse l'ennui de quand rien n'allait et toute l'émotion qui imprégnait nos yeux trop souvent mouillés de sanglots étouffés par peur de représailles, pour continuer là ou tu me précèdes....






















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