MA COLÈRE....

 Ma colère, celle de mes hier, des poings serrés jusqu'à m'en faire mal je pensais l'avoir remisée loin derrière moi, d'une petite vie sympathique, presque bourgeoise à laquelle je me suis habitué trop vite malgré moi sans la moindre déférence.

Je me pensais aguerri quant aux brutalités des choses de l'amour, celui qui vous promène et vous malmène, qui vous fait vous sentir moindre, incapable de discerner la réalité de manière objective, tellement vous vous sentez quelqu'un d'autre.

J'ai remisé celui qui m'est devenu un étranger au fil des ans, pour le remplacer par un autre, une sorte de compagnon qui m'aidait à oublier un passé chagrin ou tout n’était que violence, jusqu'à la haine de soi quant au mal qui vous habite au quotidien.

 Le verbe était brutal, le seul que je connaisse, il était les coups reçus et donnés, le bruit intérieur qui ne cessait jamais, les nuits qui se traînaient devant les jours que je redoutais, les rendez-vous qui vous éloignent de l'enfant que vous n'avez pas eu le loisir d'être.

Et un jour j'ai flirté avec autre chose, me surprenant à la gentille présence qui obligeait mon sourire, ce moi différent que je commençais à aimer, qui m'invitait vers un ailleurs dont j'ignorais tout, même si je ne me refusais pas j'étais encore quelque peu inquiet.

Ce soir j’ai peur, de ce mal insidieux et pénétrant qui a étranglé ma journée, de la brutalité qui ressurgit sans trouver un exutoire, des heures qui semblent m’entraîner vers un gouffre que je connais trop bien pour l’avoir tellement côtoyé.