LE PRINTEMPS SILENCIEUX...
Ne faisons pas comme toutes ces autres fois ou sitôt un danger écarté nous pensons être sortis d'affaire, encore que nous sommes loin d'entrevoir le bout du tunnel, rendus que nous sommes à un confinement qui ressemble à un hypothétique horizon.
D'un coup les sollicitations intempestives, les diktats de l'urgence, la saturation des agendas cessant viennent nous rappeler, que le mouvement précipité des choses nous aliènent dans des habitudes qui nous obligent à subir et non plus à vivre, un sacré tournant vers une modestie salutaire.
Pour la première fois de son histoire l'homme se retrouve confronté à une triple crise, économique, sociale et à présent écologique, il perd pied devant une nature qui a pour elle l'espace temps, l'infini du ciel et ses millénaires, les apories d'un système à bout de souffle.
Gaston Berger avait dit il y à longtemps déjà " demain ne sera pas comme hier, il sera nouveau et il dépendra de nous. il est moins à découvrir qu'à inventer, " il s'avère effectivement grand temps de substituer la mondialisation à la civilisation, de cesser l'ère du gigantisme.
L'existence n'est plus qu'un chaos hasardeux, le progrès médical un coûteux prolongement d'agonie, les générations complètement étrangères l'une à l'autre, qui nous interpellent quant à un monde fini qui n'en finit pas d'agoniser sans que nous en prenions réellement conscience.
Le développement moral de l'homme a cessé depuis longtemps, l'économie orthodoxe présente de plus en plus de signes de sénilité, le monde cannibalise son existence, il a un comportement aveugle avec des conséquences partagées par tous.
S'il s'agit de risquer des milliards d'euros ou des milliards de vies humaines, quand le pouvoir de l'argent affronte celui de la violence, il faut se souvenir et l'histoire est là pour nous le rappeler que le premier perd d'une bonne
longueur, d'avoir souvent pris la liberté d'exagérer et de gaspiller.
Après voir fait de la vie humaine une équation qui s'appréhende entièrement comme un travail, fait de par la consommation des êtres de plus en plus frustrés, brûlé de manière indécente le trésor fantastique des carburants fossiles, le système a ignoré les impacts sur l'environnement.
Il faut cesser de confier le sort de la planète à quelques uns,faire comme si la nature n'existait pas, cesser ces comportements grégaires irrationnels à court terme pour recouvrer notre souveraineté sur le destin, retrouver le plaisir de faire, rechercher une plénitude dans le lien social.
La crise d'aujourd'hui nous permet de prendre conscience qu'il est temps pour nous de changer de vie et de vérité, de réinvestir les uns dans les autres, de revaloriser le partage qui est le meilleur chemin pour sortir de la solitude et de l'individualisme, de basculer de la quantité à la qualité en tout.
En cessant d'occulter les dégâts que font nos achats à la planète, en privilégiant d'autres activités censées être des coûts, et qui sont essentielles comme tendent à le prouver nos applaudissements de chaque soir à l'intention de nos soignants, nous retrouverons le gout de vivre et ensemble.
En oubliant la condescendance des politiciens, pour nous orienter vers l'écoute admirative, la contemplation et le respect de ce qui est essentiel à la vie de tous les jours, en n'ayant plus le souci d’avoir toujours plus que les autres, nous pouvons inverser l'ordre du monde.
Avoir conscience que l'ère est à la démesure, accepter d'avoir moins d'argent et plus de temps, cesser d'alimenter le feu de la consommation, c'est enfin se poser des questions quant à l'allure que prennent les choses, le prix que nous devrons payer en sus d’hypothéquer l'avenir de nos enfants.
Nos soignants ces jours ci en obtenant notre reconnaissance, nous permettent toutes sortes de sensations devenues rares, la valeur du sacrifice pour son prochain, l'abnégation totale sans contrepartie et chose bien plus rare encore l'humilité nécessaire à certains moments.
Sitôt sortis de cette crise que j'espère la moins longue possible pour nous tous, tentons de comprendre que certaines rémunérations sont indécentes et inadaptées au vu de l'engagement et des sacrifices qu'elles supposent, afin de dire à la face de nos responsables que nous cesserons d'être leurs aveugles.
Le confinement oblige la réflexion...
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