LES VÉRITABLES HÉROS...



  Hier au soir mon fils revenant de Bordeaux après avoir été absent deux semaines s'est inconsciemment tenu à distance de moi, consignes de confinement obligent, je puis comprendre mais j'ai par ce biais tourné ma pensée vers ceux qui sont les véritables héros de cet espace sans soleil.

Nos politiques désorientés par leurs arbitrages méprisants d'hier, semblent tous penauds devant un contexte ou ceux qu'ils infantilisaient par des règles administratives absurdes sont en charge de nous éviter le crash, être en première ligne, confinés "avec" les malades."

Assemblée, Sénat, Ministères, Présidences de tous bords, Politiciens se calfeutrent sagement tandis que comme à l'habitude se sont d'autres qui mènent les véritables combats , qui abandonnent les leurs, pour s'occuper de nous, du pays, ces mêmes dont nous ne comprenions pas les revendications.

Les soignants, ces femmes et ces hommes censés ne pas avoir de fragilité, constamment au bord du burn-out, en charge de réparer des mécaniques biologiques, en conjuguant efficacité et humanité, qui s'obligent à une promiscuité inévitable autant qu’inacceptable, car au péril de leurs vies.

J'éprouve un sentiment d'étrangeté au monde, à leur solitude devant les difficultés, cette impuissance imposée par une maltraitance institutionnelle qui ne leur confie que les responsabilités, charge à eux de consentir les sacrifices, un aveuglement qui consiste a faire de l'argent avec le soin.

Le dépeçage méthodique et minutieux qui tend à sacrifier l'intérêt général, en compressant toujours plus la masse salariale, est un choix de civilisation dont le présent devrait de manière absolue nous faire prendre conscience, n'obligeons pas nos soignants à penser à eux.

Le sous-effectif nous met tous en danger, la violence verbale et physique des patients n'étant que le ricochet d'un agrégat de défaillances auquel les soignants paient le plus lourd tribut, lassitude et épuisement côtoyant les maltraitances infligées par une hiérarchie technocratique.

A cette ressource inestimable, faite de belles personnes, nous demandons de ne pas être sujette aux émotions malgré la proximité avec la souffrance, dans un contexte ou la mort est taboue et le sujet humain une utopie.

Nous sommes illogiques et égoïstes face à des personnes qui travaillent la boule au ventre, dans une cour des miracles qui les conduit inévitablement à la négation de l’altérité, tellement ils n'ont plus le temps d'expliquer le pourquoi du comment, d'être trop débordés.

Les soignants aiment leur métier mais ne peuvent plus l'exercer, car il y a le feu dans leur quotidien, ils pensent à quitter le navire, ils se voient assurer le service minimum et basta, ils se sentent des bricoleurs alors qu’ils sont pourvus de compassion et d’empathie par nature.

Dans le tumulte d'une journée hospitalière, ils n'ont plus le temps d'écouter les questions et les récriminations des uns et des autres, l'émotion, l'erreur, les rivalités et la hiérarchie, les bousculant sans cesse sauf qu'il n'y a personne pour "prendre soin d'eux."

La plupart sont au bord de l'épuisement professionnel, ils sont sujets à toutes sortes d'addictions du fait de leur accès aux médicaments, une violence intérieure telle que nous assistons aussi, comme dans d'autres corporations à la multiplication des suicides.

Par la force des choses, mes deux parents de par la maladie d’Alzheimer m'ayant contraint à côtoyer le milieu hospitalier, j'ai compris à quel point ils sont méritants et nous indignes d'eux, nous ne les voyons que si peu, comme s'ils étaient transparents, une normalité.

Le jour ou vous êtes confrontés à changer un vieillard en restant attentif à sa personnalité, courir à la recherche d'un médicament épuisé du fait de la gestion à flux tendu des pharmacies d’hôpitaux car les réserves n'ont plus le droit de cité tout en continuant de sourire, vous les verrez autrement.

Voir un malade perdre sa dignité et son intimité, sans perdre un peu de soi tous les jours tient de la survie, l'humanité en souffrance appelle la votre que vous le vouliez ou non, il est difficile de vivre comme si de rien sitôt rentré chez soi, alors cessons de ne plus faire comme si.

Il nous suffira de les applaudir au quotidien, demain, pas simplement hier au soir, car ils sauvent des vies tous les jours sans rien attendre en retour, pour ma part je les aient souvent vus sourire à mes remerciements, aux petites attentions que nous leurs manifestions lors de nos visites.

Ne pas faire l'effort de se mettre à la place de l'autre, conduit à de l’indifférence, qui elle même mène à une forme de solitude, à laquelle la plupart d'entre nous s'habituent trop vite malgré tout, le vivre ensemble c'est lorsque chacun prend soin des autres.
                         

      Il suffit de dire merci parfois pour les soigner
   
           














































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