UNE NUIT OU TU TE METS A NU...



 La nuit n'apportant pas le sommeil, le corps énervé de désir, tes pensées ont fusé pour venir me heurter, me dire avec des mots qui ne sont pas une poésie tous les bruits sourds de ta vie, toutes ces fragilités que je décelais mais que tu ne voulais point admettre.

Ce que tu m'as écrit je le savais, je le devinais tellement nous nous respirons tous les deux depuis les premiers instants, comme de ton côté tu n'ignores plus rien de moi, de l'amour généreux que je te porte qui a fini par te faire comprendre que tu pouvais me faire confiance.

Je regrette de t'avoir bousculée au point d'alimenter la peur de me perdre, de te faire raconter une vie qui met la raison au dessus de tout, de mon confier les réponses à mes questions quant à moi, à nous, à une histoire que nos intelligences ne décodent que bien peu.

Tu as baissé l'armure pour me dire, non pas pour que je vois ton style d'écriture, mais pour m'écrire à quel point tu as eu du mal à te construire un horizon aussi ténu soit-il, mais auquel tu accordes toute l’énergie qu'il te reste car la vie ne t'a pas beaucoup ménagée.

Je te préfère ainsi, comme moi je le suis dans l'intimité car cette lettre elle aurait pu être la mienne, un écrit ou les mots viennent du cœur, comme un flot, un cri, une désespérance que rien n’est jamais venu tarir, pour m’expliquer tendrement à quel point je suis important.

Tu aurais pu le faire plus tôt, mais ta fierté te l'interdisait, les barrières mentales que tu as su élaborer pour te protéger fonctionnant même avec moi, mais jusqu’à hier soir, je l'ai senti au moment ou tu m'as demandé si j'allais partir, presque résignée, telle fatiguée de lutter.

Nous avons le même parcours, en rencontrant une âme dont la peine ressemblait étrangement à la mienne, je me suis attaché à la secourir, tenter de la guérir pour enfin exister, avoir un rôle à jouer, être important pour quelqu'un, tenir les promesses que Je lui avais faites.

Et au bout d'un moment nous découvrons un amour inattendu, qui ne ressemble aucunement à tous ces autres, un sentiment qui complète nos manques, dissimule nos failles, atténue tant les blessures en nous, un visage du destin que nous nous mettons à chérir, un chemin de paix.

"Celui qui fait rire et amène les larmes aux yeux" n'est pas digne de trahison, ce serait comme de se renier, oublier qui nous sommes, ce que nous avons réussi à être malgré les souffrances et tant des déceptions qui ont jalonné nos chemins de vie, comme des échos chagrins.

Au delà de mon côté voyou qui ne lâche rien, j'ai un cœur en bandoulière, une âme singulière qui me fait passer les autres devant, un esprit plus sacrificiel que l'on ne suppose, j'aurais pu naître ailleurs que dans ce siècle, une sorte de troubadour pour les cœurs éplorés.
           
Hier  au soit tu as eu du mal à mettre tes idées en place, j'y suis pour quelque chose d'une certaine façon, je le regrette sans pour autant être dans le déni d'une attirance qui me dépasse, tes mots ont eu une resonance étrange en moi comme s'ils disaient je t'aime aussi mais oublie le, et reste près de moi.

Je vais faire ainsi, t'offrir une relation dont j'ignore tout tellement elle reste à inventer, ne rien défaire de ce que tu as eu bien du mal à tisser, comprendre enfin cette femme qui de l'autre côté du chemin ne cesse de me faire des signes, comme si dans une autre vie nous nous connaissions.

En t'offrant l'homme que tu aimes, dont la présence (pas toujours) t'apaise et remplis ton quotidien, je serai dans mon rôle, dans une réalité que je ne comprends pas plus qu'hier, même si à présent je me sens l'acteur qui ne doit pas briser sa poupée, tellement elle est déjà en morceaux.

Je ne sais pas si à leur tour mes mots auront une resonance particulière en toi, mais je les envoie tels quels sans fioritures, sans intention autre que celle d'une main qui se tend pour te rasséréner comme jamais, en t'offrant l'âme du poète que je prétends être, je me montre nu à mon tour.

Je ne suis pas en mal d'amour, je l'ai rarement été, je suis en quête de celle qui me ressemble, meurtrie par l'enfance, abîmée par ceux qui s’arrogeaient des droits sur elle, qui enfin en acceptant de tomber le masque met une sincère passerelle entre nos âmes douloureuses.

J'ai relevé " mais ça y est, on a presque tout franchi..."pour rajouter que de tout cœur je vous souhaite ce morceau de vie qui n'est pas tout, même s'il est fonction des espérances que l'on y met, je me trompe rarement sur l'âme humaine, je sais encore plus pourquoi le tiens à toi...



















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