CESSER UN VOYAGE...



 Il arrive que l'on s’empresse vers quelque voyage, que l'on revêt de mille lumières, une destination dont on ne sait trop rien sinon qu'elle est rêvée, supposée être sans pareille, un horizon d'infinis.

Obnubilé par celui-ci on ne voit plus rien de ce qui nous entoure, ces ombres fugitives qui hier encore comptaient, emplissaient notre quotidien, nous faisant faire un tout autre voyage, car point le même d'un jour à l'autre, tel une multitude de paysages sur lesquels nous nous arrêtons un instant.

Hier tu es venue à moi, de manière anecdotique, juste pour prendre de mes nouvelles, comme à ton habitude depuis nos tous débuts, me dire bien simplement avec des mots de femme à quel point mes écrits t'emportaient très loin de ta vie, de ce mal-être qui nous caractérise tous plus ou moins.

Mon visage s'est illuminé, car au travers toi, j'ai revu bien des visages que j'ai abandonné au détour d'un échange, comme ça sans rien dire, sans explication aucune, tel si d'un coup j'étais quelque autre, un être de peu, oubliant à quel point il est douloureux d'être oublié.

Et soudain j'ai eu honte, comme quelqu'un qui trahit, qui renie ceux qui comptaient, qui venaient à moi sans rien attendre en retour, ceux qui simplement aimaient des mots qui les reflétaient, ou mes "je" étaient tout un chacun, mes blessures les nôtres.

Celles dont les encouragements m'ont mis le pied à l’étrier, ont galvanisé mon écriture, et si souvent porté aux nues, sans rien savoir de moi d'autre que ce que l'écrit laissait filtrer, un homme ordinaire avec une vie ordinaire, qui laissait transparaître les atteintes du passé.

J'ignore la manière dont sera perçu ce revirement, mais je me montrerai humble comme ceux qui n'ont pas été à la hauteur des attentes que certaines ont mises en moi, compagnonnage amical parfois amoureux que nous avons tous connu et ressenti à  certains moments.

J'ai vu s'en aller bon nombre de ces femmes dans l'ombre qui m'appréciaient, sans ne jamais me juger, qui me trouvaient pour certaines un peu taquin, trop empressé peut-être, mais jamais vulgaire, une sorte de joyeux drille, un garnement délicatement amoureux.

Et d'autres se lasser de mes non-réponses, de mes absences inexpliquées après des périodes si bien remplies, qu'elles ne pouvaient que laisser un arrière gout amer, une sorte de dégoût inexpliqué pour celui qui après coup n'avait été qu'un personnage parmi d'autres.

Ce matin en me retournant j'ai voulu éprouver une traversée du désert, une sorte de mea-culpa qui remettrait les choses au  point, dire à quel point je me suis montré indigne de bon nombre d'amitiés, à m'en sentir vil et indécent au point de ne plus me reconnaître.


















































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