UN CHAGRIN CALME ET ONDOYANT....



 Il nous arrive à tous de nous arrêter et de cesser de courir, de nous poser pour juste écouter et entendre ce qui est devant nous, une évidence qui nous échappe, qui ne cherche même plus à ce que nous la découvrions, ne voulant ni nous convaincre, non plus que se justifier.

Nous ressentons parfois, un déclic, un silence, un instant ou la lumière semble nous pénétrer, presque s'engouffrer en nous de manière violente, nous suivre comme si elle voulait trouver au fond de nous et malgré nos réticences notre véritable nature humaine.

Avant que d'être définitivement relégués dans le musée des horreurs, les hommes devraient seulement tenter de comprendre que les femmes se battent avec les mots, que leurs phrases assassines qui les touchent dans leur fragilité ne sont que d'imminents appels au secours.

Et plutôt que de demeurer des personnages immobiles et massifs, il s'agit pour nous de comprendre que le temps de la femme qui vit l'amour comme une dépendance est bel et bien révolu et que pour espérer sortir de ces incessants conflits, il faut que nous apprenions à entendre.

Même s'il s'agit de trouver un équilibre souvent précaire, cela en vaut la peine, tant celles-ci ne sont plus dans l'attente de ces rencontres qui les renvoient sans cesse et malgré elles de manière violente à une faille, un manque, bien des formes de violences.

Longtemps elles se sont éparpillées et épuisées, se sont montrées douces, sages et tranquilles, appréciant des temps de calme avant que leurs cœurs ne se remettent à battre, car ce n'était qu'un apaisement, une sorte de repli vital, ou il leur fallait découvrir la solitude et l'apprivoiser.

Il s'agirait à présent pour elles de renouer avec une féminité réhabilitée et épanouie, évacuer de leur mémoire l'image d'un père et peut-être aussi d'un époux violents, en vivant autrement une quelconque solitude, telle une souffrance mesurée, qui n'est jamais un choix de vie.

Nous nous étonnons trop souvent de rencontrer des femmes qui disent non, ou plutôt qui ont appris à le dire, qui pleurent toujours l'amour qu'elles n'ont pas reçu de leur père, non plus que ses regards équivoques qui les ont empêchées, ainsi que leur féminité en devenir.

Ces femmes qui rejettent l'image de la mère, qui apprend à être femme auprès d'un homme, celle qui explique comment éviter la grosse voix et contourner les interdits, comme s'il s'agissait d'être invisible, alors que l'on comprend très tôt le père réel derrière l'image.

La folie qui n'est que le doux synonyme de la passion, entretient une relation ambiguë avec l'amour, faisant de nous des êtres fragiles, davantage démunis devant ces nouvelles libertés, d'autres manières de vivre et d'être en phase avec soi, avant qu'avec les autres.

Il nous faut cesser de parler pour nous mettre à écouter, entendre ce qui ne se dit pas, aller chercher derrière des silences des approbations et non seulement de la désapprobation, faire dire aux mots les maux cachés parfois même à notre insu, et  apprendre à aimer nos différences.

Et peut-être alors et seulement là, nous serons à même de voir, la main qui se tend avec insistance vers nous, celle que nous désespérons à force d'attendre ce qui est déjà là, qui ne demande qu'à grandir pourvu que nous lui en donnions les moyens, en écoutant avec  nos cœurs...
































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