UNE PETITE LUMIÈRE DANS LA NUIT...
L'amitié amoureuse est terrible d’exigence, mais vite familière et criante de vérité à celle dont le moindre soupir est un soulagement, la tendresse une retenue et une pudeur, ou il faut porter les cicatrices de ses désirs cachés.
Un idéal de femme amoureuse, est difficile à conjuguer avec le fait d'avoir en soi, les écorchures permanentes de ce qu'il n'est pas donné de faire pour une fille de bonne famille, ou tout est enfermement, ou elle se trouve sans cesse confrontée à l'absurde.
Ou il faut vivre dans une ville blessée ou il n'y a pas de place pour le corps, un corps érotisé alors qu'en même temps qu'il faut faire de sa beauté un réflexe vital, le souci de l'apparence virant parfois à l’obsession, pour des mariages qui ne mènent à rien la plupart du temps.
Etre une femme ligotée par l'autorité parentale et la tradition, porter le fardeau de la moralité, être les gardiennes de la société, vivre à travers les angoisses et les cris, les replis et les souffrances, c'est avoir quelque chose de l'effroi que l'on doit taire, crier en silence.
Tout en étant une femme discrète et fière, incapable d'imaginer un autre réel, elle devrait avancer sans poser de questions, dans un monde étranglé par la virilité, ou elle ne peut qu'à grand peine se libérer et simplement respirer, s'éveiller aux plaisirs, se découvrir un corps.
Vivre une vie hallucinée, réprimer instamment l'intensité des choses ressenties, pour ne garder que des réflexions torturées, ne permet jamais de combler les blancs de l’existence, d'autant plus que l'on doit vivre dans un désert d'intelligence, être une Antigone sacrifiée.
Pour réussir à réparer son regard, elle devrait espérer comme une folle, ne plus appréhender mais aller à ce qui lui est étranger sans peur, pour ne plus tenir compte des dénis mémoriels, que sont la puissance des hommes, la domination de la religion, la dévoration des mères.
Redevenir une femme universelle, vivant dans un pays arabe, coutumier de ce féminin qui aime sans retour, qui est prêt à tout sacrifier, scindé entre un échappatoire de liberté et un conformisme patriarcal qui donne l'impression de vivre un perpétuel exil.
Fuir dans l'imaginaire, faire de son corps un étalon qui entraîne loin de tant de rigorismes, ceux qui mènent aux illusions brisées, aux violences absurdes qui font d'elle une ombre bercée par des non-dits, qui ne devrait jamais s'émouvoir, même des échos d'une enfance joyeuse.
Ressentir l'obsession du vide, abandonner ses rêves et ainsi mourir deux fois, être dans la dévotion et contribuer au bonheur des autres, c'est avoir davantage conscience de sa souffrance, alors qu'il faudrait dire les choses pour s'en sortir, et se donner le droit de se raconter.
Généreuse et belle, autrement qu'avec des paillettes et du brillant, elle guette l'étoile qui s'espère quand tout est sombre et inquiétant, une vie qui ne lui offre que le devoir d'être soumise du berceau à la tombe, le droit de représenter l’éternel mythe de la femme objet.
Retrouver l’obsession de séduire même si ce n'est qu'avec les mots, redécouvrir son âme Bohême dans une illusion amoureuse, c'est offrir des poussières d'étoiles, à la femme qui a traversé les années et les aléas de la vie, c'est déplacer le regard, car on ne grandit pas dans le renoncement.
il est difficile de vivre à l'ombre des peupliers, dans le berceau de plusieurs civilisations, un pays autrefois bercé de tant d'espoirs, en bridant même son imagination, en se refusant ne serait-ce que la douceur d'une romantique correspondance, comme une bouteille jetée à la mer...
Commentaires