NOS CŒURS SILENCIEUX...


        


 Nous craignons tous la visibilité sans laquelle nous ne pourrions pas vivre pleinement, l’indicible, l'inaudible, et la peur d'être incompris étant autant de portes qui s'ouvrent brutalement sur le silence...

Un monde nous sépare les uns des autres, car l'essentiel de nos peurs, celles derrière lesquelles nous nous cachons, ces signes de douleur, de refus et même de bien-être semblent de longues respirations que nous aimons taire, incapables que nous sommes de greffer des mots sur nos émotions.

Le silence est une sorte de bataille sans trêve susceptible de nous briser en mille morceaux, la cage de la solitude, l'ombre asphyxiante des non-dits n'étant que le reflet de nos douleurs, passés occultes et bouts de mémoire manquants que nous ne pouvons contenir.

A force d'inhiber nos sentiments, nos pensées et nos émotions, de ne plus libérer nos vérités, devoir nous cacher derrière des mots "sincères ", nous gardons pour nous notre interprétation de la réalité en allant vers ce refuge qu'est l'imagination.

La certitude nous échappant nous remplissons le vide de nos silences, ces sortes de mots qui semblent sans écho, ceux difficiles à dire, une sorte de voyage qui ne se fait pas sans heurts, là ou l'enfance a trébuché, ou a parfois le parfum particulier du remords. 

Parfois il est en nous une sorte de bruit continu, des confusions, des illusions, des rêves, notre vision du monde la plus profonde, qui ne se suffisent pas des mots, à défaut de partager nos vulnérabilités avec la bonne personne, nous nous faisons mutiques.

La gravité d'un silence réside dans l'importance d'un secret, il y a tellement de blessures et de plaies enfermées dans son écharpe , des rapprochements, des éloignements, ces retours vers un passé douloureux qui nous rendent taiseux, la vraie vie étant dans nos non-dits.

Quand il s'agit d'affronter la honte ou le remords, d'être l'homme au bout du chemin qui voudrait exprimer les regrets d'une vie, que nous communiquons avec difficulté alors qu'il y a tant de choses à partager, il est difficile de se sentir aller vers l'engrenage irraisonné de la fuite en avant.

Opposer le silence à un monde matériel et virtuel à l’essentiel, désapprendre le destin, s'enhardir du passé est une poésie pour soi, tendre, sincèrement touchante, poignante parfois et saisissante à tous points de vue, à condition de ne pas s'y murer.

Libérer ce qui vient à l'esprit, revient à se révéler un secret malgré l'interdit, s'éloigner d'une époque bruyante qui a peur du vide, parfois se livrer avec des mots choisis, en réunissant les vents contraires que sont la parole et le silence.

Convenir que les traumatismes et les silences vont toujours main dans la main, c'est admettre la vertu de ce dernier, quant à la difficulté d'accepter ses fautes, de comprendre et de pardonner aussi aux autres en taisant ses émotions, pour leur préférer la connivence d'un sourire. 

Pour Marie Lou
Merci pour tes mots. 

Il faudrait demander à un sourd dépourvu de la parole de nous parler du silence, celui qui l’isole autant qu’il le protège. 

































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