ECOUTER NOS SILENCES ...



J'ai longtemps pensé que l'urgence était de dire et non pas d'entendre, d'aller dans ce monde étranger autant qu'étrange qu'est l'autre, l'écouter pour le satisfaire en profondeur, laisser le temps suspendu de l'émotion, en mettant de côté son soi-intérieur, faisant abstraction de son parler...

Savoir écouter ou savoir se taire, peur d'être perçu comme insignifiant, tellement la tyrannie de la parole fait du silence une contrainte, qui nous renvoie à nos intériorités, un néant, un vide oppressant qui nous laisse face à nous mêmes, qui suscite autant la peur que l'effroi.

Mais comme l'ombre qui permet d'atteindre la lumière, se perdre dans le silence pour celui qui a souvent le coeur fermé, ou n'a jamais fait le tour de son histoire, c'est se rendre perméable au subtil, aux murmures de la vie, recouvrer une conscience paisible et silencieuse.

En privilégiant le silence, nous ne cherchons plus à parer au jugement d'autrui, nous faisons un don à un autre qui osera ainsi se dire, libérant tant de choses retenues quant à un monde agité et instable dont nous sommes des otages individuellement, et d'une manière quasi frénétique.
        
Le silence est en soi un mot étrange, un mot qui dérange, même s'il est la condition du recueillement et de la rêverie, en écoutant autrui nous nous écoutons d'une certaine façon, nous allons vers toute la profondeur qui fait l'humanité, nous nous libérons de nos ancrages.

Laisser l'écoute se faire, opposer à la frénésie, le silence et sa lenteur, c'est rassurer un ego apeuré par la crainte de n'être pas à la hauteur, se presser de parler pour ne pas laisser le vide s'immiscer dans les pensées neutralisantes, faire semblant en portant continuellement un masque.

Il  y a ceux que nous n'écoutons plus vraiment de penser les connaitre, puis tous ceux auxquels nous opposons la parole pour faire illusion, alors que nous savons fort bien à quel point nous nous repentons un jour, plus souvent de nos propos que de nos silences.

Il me revient un vieux proverbe arabe qui renferme tant la sagesse de ce propos
 " le mot que tu retiens entre tes lèvres est ton esclave, celui que tu prononces est ton maître..."

N'avoir pas peur du silence...

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