LETTRE A MON FRÈRE....


 Les gagnants, les victorieux, les conquérants que nous fûmes, ne doivent pas nous faire perdre de vue, l'énoncé douloureux des contradictions qui nous mettent en tension, quand l'age s'empresse de nous rappeler qu'il s'agit d’accepter la vie, plus qu'on ne la décide...

Il s'agit de se défaire des artifices de l'ego, de renoncer à atteindre l'absolu, ne pas vieillir longtemps car cela prend du temps, lorsque que l'on n'a plus plus de projet de vie, que le passé vous afflige, et que ce qui se vit s'avère infiniment complexe.

Tous les instants qui apaiseraient le corps autant que l'âme, la mémoire de ce qui a été accompli  est un vaste jardin à entretenir, au moment ou il faut nous soumettre au destin, résignés et désespérés tant il reste beaucoup à faire, mais nous sommes nus devant la béance du destin.

En mon temps j'ai ressenti la blessure narcissique, certes désorientante mais qu'il faut admettre au risque de ne plus se faire comprendre, car il n'est pas question de compter sur le hasard pour faire bien les choses, de se figer dans l'instant, et de se remettre sans se soumettre.

Nous avons prouvés que c'est dans l'adversité que l'homme se réalisait, même s'il ne s'agit que d'une vision un peu guerrière, mais être noble est bien souvent douloureux, il s'agit pour nous de nous dire que nous ne renonçons à rien mais que les choses ont changé à notre insu.

Avancer difficilement mais sereinement sur le chemin de la vie jusqu'au bout, concevoir la fatigue de vivre, le courage différent qui nous habite, mais nous ne devrions jamais  perdre de vue que lors de tout cheminement intérieur, la rancune est une conseillère perverse à laquelle certains s'enchaînent. 

Déroutés, désemparés mais sans mièvrerie, il s'agit pour nous de sortir de la noire lumière, pour la fragilité d'un scintillement, en portant notre regard sur ce qu'il nous a été possible de réaliser, se permettre l'oubli libérateur qui déleste l'esprit et désencombre l'âme.
       


En renonçant à l'illusion de la maîtrise, nous accéderons à la grandeur de ceux qui reconnaissent leur fragilité, pour discrètement nous réfugier derrière quelque sourire fragile, une parole indécise, pour malgré une finitude proche, encore compter pour les siens.

Nous sommes tous appelés à perdre, être dépossédés un jour ou l'autre, il s'agit de ne pas vieillir sous le mépris, en se fixant un but quelconque, un quelconque espoir, ou simplement de se moquer de ces démons du passé en n'étant plus des errants sans raison. 

Le mythe du noble vieillard n'est plus, la dérobade signe la déchéance sociale, il faut faire en sorte que nos enfants tiraillés entre attrait et rejet, ne soient pas révoltés à l'idée de nous ressembler, pour nous de ne pas laisser paraître une inévitable vieillesse au grand jour.

Les sénescents qui commencent à vieillir, connaissent la rage comme humiliés par la vie, il s'agirait pour eux de ne pas être rabroués, faire oublier les vieux ans, de passer inaperçus avec la mort en toile de fond, qu'ils soient lucides ou obstinés jusqu'à l'entêtement.

Renoncer à dire, faire savoir, ou agir c'est se soumettre à l'arbitraire du temps qui passe, raconter aux enfants, une histoire bien moins belle qu'elle ne l'a été, ne point faire naître en eux l'envie de faire comme nous, au vu de ce que la fin d'un parcours leur suggère...


Il suffit de voir les choses d'une autre manière, de repenser à nos parents qui nous ont menés un tout petit peu plus loin, d'ouvrir les yeux sur le champs des possibles que nous permettons aux générations suivantes, pour réaliser que nous ne sommes pas des "hommes de peu."
































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