LE VILLAGE DE NOS PARENTS ...



Nous venons d'une région du monde ou les choses sont plus difficiles qu'ailleurs, d'un coin de Kabylie plus miséreux que beau, dans lequel nos parents ont tenté de survivre à défaut de vivre, qui a vu grandir bon nombre d'entre nous, qui sont parents à leur tour...

Chacun d'entre nous, s'est isolé dans son vide intérieur, devenant un enfant insaisissable, souvent abîmé, une prison au coeur, de n'avoir pas de figure protectrice qui réponde aux peurs vécues, bien souvent incapables de gérer leurs explosions de colère.

Un enfant apprend en regardant faire, d'être tout d'abord celui qui n'a pas la parole, avant que de n'y avoir pas le droit, il grandit dans un environnement très injuste qui rend l'âme impotente, très souvent avec une estime de soi au plus bas, qui l’oblige à porter un masque.

Ressentir un vide et s'en sentir coupable, vivre des chagrins qui débordent, n'avoir pour souvenirs que la peur, la faim et les pleurs, est un miroir désolant qui fait souvent de nous des êtres d'une triste rigidité mentale, ne sachant résoudre les conflits autrement que par la violence.

Un enfant blessé dans la petite enfance cesse de s'aimer, sans que ne tarisse l'amour qu'il éprouve pour ses parents, au travers d'une dépendance émotionnelle, il ne saura plus vivre que des relations insatisfaisantes et des comportements destructeurs.

Sa peur de revivre la souffrance, fait qu'il ne cherche jamais au bon endroit, qu'il n'est jamais lui-même, il doit se confronter aux adversités de la vie sans y avoir été préparé, parfois l'éloignement de certaines personnes aimées de sa vie, en font un enfant humilié, qui devient tyrannique.

Les traumatismes infantiles que nous traînons toute notre vie, les séquelles de la maltraitance, font que certains se sentent indignes d'affection, coincés entre hiérarchie, ordre et frustration, ils sont très souvent obsédés par le perfectionnisme pour être considérés.

Certaines blessures nous rendent plus exigeants avec nous-mêmes, nous contraignant ainsi à prendre beaucoup sur nos épaules, pour nous sentir moins attachés à la culpabilité, nous sommes sans cesse contraints de ravaler nos émotions, et même de les réprimer.
      
Tenter d'ignorer les souffrances passées, revient à nous ignorer, accepter celles-ci plutôt que de les rejeter, en arguant sur le fait que nos parents avaient les leurs, que les colères de nos pères étaient déversées sur nos mères qui les reportaient sur nous, c'est faire cesser une relation souffrante.






D'aucuns cherchent à disparaître et à se fondre dans l'approbation, désavouant ainsi leurs propres exigences, s’abstenant d'être eux-mêmes, comme s'ils n'étaient pas assez bien pour mériter de l'attention, d'autres nourriront la rancœur destructrice, qui les desservira davantage.

Garder en nous des émotions coincées, s'est nous couper de nos affects pour nous protéger de la souffrance, la plupart des enfants n'ont pas rencontrés d'écho chez des parents assaillis de soucis, l'humiliation ressentie n'étant que le fait d'une famille ni signifiante, ni singulière.

L'enfant ne naît pas civilisé, il lui faut un adulte éduquant, mais quand ce dernier est constamment dans le déni de son vécu d'hier, d'un environnement humiliant, d'un père si souvent injuste qui ne tient pas ses promesses, il est surtout incapable d'identifier certaines émotions.

L'enfance se fait de renoncements, on comprend très vite qu'on peut tout penser, tout dire, mais pas tout faire, voir que certains sont surprotégés et d'autres manquent même d'affection, conduit à une dépendance qu'accentuent d'autant plus les aléas de la vie.

Que se soit par peur de l’abandon, ou la crainte du rejet, les carences affectives de l'enfance sont des émotions que même si elles ont des raisons d'être, doivent passer par le prisme du regard des parents que nous sommes à présent, afin que nos enfants sachent voler de leurs propres ailes.

Pour le groupe "généalogie des RAHMOUNI"

Cette photographie m’a emportée vers le village qui a vu l’enfance de nos parents, que nous habillons a tort de tous nos maux. Il est de ce genre de réflexion, une élévation qui met nos souffrances en berne et de manière idyllique.., merci à vous tous ...

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