SI MOHAND AU M'HAND...



 La poésie a toujours été un combat contre les affres du quotidien, elle permet d'oublier la solitude au sein des foules, en empruntant les chants berbères hérités des ancêtres, qui chantaient tout ce qui leur passait par la tête, au gré des chemins, des villages et des villes...

Des fils de paysans sans terre et la plupart du temps analphabètes, qui hurlent leur incompréhension des traditions qui attendent au tournant, les failles béantes ou s’abîment l'enfance, ces institutions qui obligent à l'irrévérence, lorsque Dieu se fait douteux.

Au travers de chants qui viennent du fond des âges, une inspiration puisée chez les petites gens, ces orfèvres et ciseleurs de mots, nous offrent les larmes de la résilience, quant à nos hauts-le-coeur, au désenchantement qui nourrit la nostalgie, de leurs cris qui brisent les ténèbres.

Les temps ou nous sommes, emplis de deuils et de larmes, propices aux dualités tels le jour et la nuit, l'exil et la patrie, ont besoin de poètes qui transcendent le réel, ces vies violées, ces destins brisés, qui se veulent autant de tragédies, qui se jouent tous les jours sous nos yeux.

Leurs écrits ne changent pas grand chose au désordre du  monde, mais ils prennent parti en bouquets de mots, un appel, un écho, une illusion, comme pour nous rappeler qu'il suffirait de ne pas détourner le regard, des angoisses qui se doivent d'être partagées.

Renouer avec une mémoire embrumée, emprunter le chemin de la transgression qu'a toujours été la poésie, en renouant avec les chants berbères séculaires véhiculés par les mères, est une manière pour les poètes de perpétuer le souffle d'une identité ancestrale.

Tout homme est chevillé à sa terre natale, tout autant que contre l'idéologie de la soumission, vivre en exil et subir les souffrances de celui-ci, c'est être aux versants de la résistance, comme s'il s'agissait d'arracher le jour du ciel, même un enfant crie quand il quitte le ventre de sa mère.

La souffrance est une mémoire que l'on garde dans sa chair, et pour tous ces fils de berger poètes à leurs heures, dont les chants embrasent les montagnes, il s'agit de chanter que les tournants répressifs, la dépossession et la violence, autant que le dogme et la servitude ne sont pas une fatalité.
               

Plus que des poètes des symboles, parfois muselés, souvent exilés, mais qui demeurent en nous tel un passé magnifié, un chant identitaire, une aura subversive de mots, qui n'ignorent pas qu'après eux, c'est la rue et elle seule, qui un beau jour de printemps prend la parole.

Dans ces bouts d'Afrique, ces régions du monde qui ont toujours connu la confrontation, ou le peuple tourne le dos aux scrutins, connaît à peine les noms de ses dirigeants, dans lesquelles le silence est imposé par la violence, vit toujours un chant profond.

Les regrets, la mélancolie du pays, la détresse d'exilé que je connaissais à Ovide, Victor-Hugo, Maupassant et Chateaubriand, j'ai eu plaisir à les retrouver, ailleurs que dans mes lectures passées, Si Mohand au Mhand, Mouloud Mammeri, Fadhma Ait Mansour pour ne citer qu'eux.

Face à des édifices religieux qui n'éduquent pas, mais arrachent l'innocence des jeunes âmes, des prêcheurs illuminés qui éructent la vindicte et la haine, leurs mots tels des oiseaux, des volées d'adolescents viennent nous toucher de leur grâce, par le biais de nouveaux troubadours.

Qu'ils s'appellent Slimane Azem, Idir ou Ait Menguellat qui font partie de notre mémoire collective, ou d'autres en des rives plus lointaines dont nous n'avons pas le privilège de la langue, ils sont la pour nous rappeler que la souffrance est depuis toujours, le lot commun des hommes.






















Commentaires

Kyma a dit…
Nous pouvons aussi relever d'autres points communs ... leurs libertés d'expression, leurs résistances, leurs sensibilités malgré l'apparence.... et aussi leurs insoumission...
Bel hommage💕

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