ETRE LA ET AILLEURS....


 Il arrive que n'ayant pas l'habitude d'avoir du temps, l'on soit perdu comme devant un vide abyssal que l'on ne saurait jamais trop comment combler, il faut se réapproprier un espace jusque là inconnu, si souvent rêvé, tout autant que redouté, comme le serait ce qu'on ne connaît pas.

Et les pensées qui vont et viennent d'un sujet à l'autre, à l'envers le plus souvent, comme s'il s'agissait de ne pas se laisser happer, par une anarchie nouvelle, qui tendrait à nous déposséder de quelque libre arbitre, que nous n'avons jamais eu d'ailleurs.

Nous allons alors au devant des choses, sans obligation aucune, avec un sourire au bord des yeux, tellement nous sommes peu habitués, à nous conjuguer comme bon nous semble, en faisant fi de ce qui se doit d'être, mais sans les contraintes que cela supposait.

Il faut ne jamais avoir eu du temps pour soi, pour mesurer une forme d'aliénation quant à une vie, qui permet tant et si peu à la fois, au regard du mal que l'on se donne, des rencontres auxquelles nous ne donnons pas toutes leurs chances, pour des obligations tellement plus futiles.

Certains d'entre nous n'ont jamais la chance de parvenir à bon port, malgré tous les efforts déployés, la vie n'étant que rarement une belle compagne, comme si le fait de se faire toujours désirer, était son leitmotiv, sa raison d'être première, une éternelle question en suspens.

Nous admirons parfois longuement ceux qu'elle ne tarde pas à briser, comme par plaisir, tel s'il s'agissait pour elle de reprendre constamment ce que nous lui arrachons, une sorte de lutte sans fin, une querelle de chaque instant, un défi incessant à la raison.
              
Nous envions certaines réussites que nous pressentons aléatoires, ces bonheurs éphémères, ce subtil équilibre qui ne tardera pas, nous le sentons fort bien à se rompre, tant nous sommes habitués à concevoir le mot destin, tel le synonyme le plus proche de fatalité.

Lorsque nous nous arrêtons, pour une raison ou une autre, nous mesurons à quel point, nous sommes tous des héros magnifiques, condamnés malgré tout à sombrer, pour une raison autre que celle que l'on redoute, au moment ou trop souvent bon nombre d'entre nous se croient tirés d'affaires.

Il nous faut aimer la vie, et ce qu'elle permet, même si elle ressemble bien peu à ce dont nous rêvons, sans trop chercher à comprendre le pourquoi, du comment des choses, juste en humant le parfum d'un souvenir, un vent qui porte dans son sillage un sourire, un temps pas si lointain.

Nous avons bien des raisons de nous réjouir, des joies passées autant que des peines dépassées, ces bouts de nous disséminés ça et là, au hasard des chemins empruntés, que même s'ils ne débouchent sur rien laissent dans leur sillage, le sentiment d'avoir vécu.

Si la vie était trop heureuse, nous nous lasserions d'elle, comme tout ce qui est trop facile, jusqu'à devenir monotone, quand tout va trop bien nous aspirons à autre chose, comme si éternellement insatisfaits nous cherchions constamment, l'opposé de ce que nous avions à vivre.

















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