IL SUFFIT D’UN RIEN TROP SOUVENT

      
  LA PÂLEUR DU DESTIN....


Sur la route j'ai vu une ombre famélique, une femme d'un blond délavé, qui se heurtait aux véhicules, quêtant quelque aumône, qui permettrait un court instant d'oubli, qui la ramènerait au temps lointain, ou d'aucuns guettaient un regard d'elle...

Elle semblait sans âge, meurtrie par les souvenirs, ne tenant même plus compte des yeux qui la dévisagent, et bien certainement la jugent, sans trop chercher à savoir, quel périple l'a menée jusqu'à un carrefour d'habitude réservé à ceux sans rivage, ces syriens venus de loin.

Elle ne ressemblait pas à tous ceux que je rencontre d'habitude faisant la manche, ceux dont on se demande s'il ne s'agit pas juste d'un job, ce qui nous pousse à les dépasser presque sans un moindre regard, cette femme a du être belle, avec un foyer et je le sens profondément.
   
Les voitures l'esquivaient presque moqueuses, de se sentir mieux loties, comme pour ne pas subir une quelconque promiscuité avec celle qui fut peut-être il n'y a pas si longtemps, un être rempli d'amour, déshumanisé par je ne sais quoi, venant de je ne sais ou, allant nulle part.

J'ai essayé le temps que le feu passe au vert, de dénicher ces quelques piécettes qui font notre vanité, ainsi que toute la différence lorsqu'elles ne sont pas au rendez-vous, j'ai été mal à l'aise de ne rien trouver, d'autant plus que le conducteur suivant semblait au bord de l'apoplexie.

Sur la route j'ai ressenti la complexité de l'âme humaine, ce qui fait qu'on se perd sans jamais prendre la mesure du temps et des choses, j'ai éprouvé une certaine gène à être de ceux qui sont aveugles tout en supposant le contraire, tout en ressassant que je n'y pouvais trop rien.    
     
Je ne sais rien d'elle et pourtant, elle a envahi mes pensées, au point que je redoute le croisement ou je suis supposé la voir, tel si cela était une évidence, comme si elle était à notre manière amarrée à des certitudes, ou eue la chance de jeter l'ancre dans une vie qui ne se refusait pas.

Elle aurait pu être belle du regard d'un homme, s'élancer vers un destin moins fourbe, mais peut-être ne désire t-elle plus rien, sinon le silence dans lequel elle est plongée sans trop savoir depuis quand, un triste néant qui n'a d'autre écho que le regard fuyant des automobilistes...

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