LES COUPLES À L’ÉPREUVE DU TEMPS ...
Il ne tient qu'à nous d'inventer les souvenirs de demain en laissant de côté les habitudes qui pèsent, et en nous réappropriant le temps qui nous a pris peut-être dépasserons nous une forme d'ennui là depuis toujours, comme si une part de nous était souvent en train de rêver à autre chose.
On se réinventerait comme on peut loin de l'affligeante réalité que connaissent bon nombre de couples pour lesquels c'est l'inconscient qui mène le bal, chacun accusant l'autre de l'infortune conjugale alors que le fait de s'interroger sur soi c'est déjà faire une partie du chemin.
L'être humain est doté d'un libre arbitre, d'une conscience mais aussi de sentiments, tout en ignorant par ou et par quoi on est attaché à l'autre, et aussi parce que nos attentes sont différentes, nous formons des couples qui semblent le reflet grimaçant de ce dont nous avons rêvé.
L'un s'appuyant sur l'autre pour grandir comme s'il s'agissait de réparer les blessures de l'enfance, mais tous deux entièrement soumis à des sociétés qui influencent et formatent les relations par la morale, les préceptes religieux mais aussi les lois qui priment sur les individus.
Sur différents chemins de vie pétris de doutes, d'incohérences et de contradictions, nous nous refusons à quitter le cheminement vers un certain idéal de l'amour, partagés que nous sommes tous les uns et les autres entre instinct de conservation et pulsion de vie.
Parés de nos vieilles blessures encore ouvertes nous nous approchons du vide et marchons au bord du précipice tout en jonglant avec amour et haine parfois un excès de tiédeur, qui font que nous ne reconnaissons pas l'autre comme un être différent que nous devrions intéresser.
Trop souvent la passion se nourrit d'imaginaire, ne se contentant que si peu de la réalité, comme le désir du manque, on peut aimer sans avoir le sentiment d'aimer murés dans une forme de solitude qui se construit par l'usure, l'ennui ou le simple manque d'attention.
L'être humain peut tutoyer les cimes à condition d’oublier un ego roi qui rend la vie à deux impossible, il est affligeant de voir que nous voulons tout et son contraire en même temps, tout en devant supporter magnifiquement les affres de l'âge, un vide dévorant.
Comme s'il s'agissait de tanguer sans sombrer aussi forte que soit la tempête, de tenir bon face à la brèche angoissante du temps qui passe sans que l'on ait rien vu, de vivre des colères non exprimées qui nourrissent le désamour, tant de choses qui ne peuvent se faire sans une pointe d’héroïsme.
Il nous faut parfois réfléchir, afin de prendre la mesure de l'attachement que l'on a pour l'autre, car malgré les élégies qu'elle ne sait pas entendre une épouse supporte les volutes de fumée mais davantage un mari excentré qui tente d'aller exister ailleurs comme pour déserter le couple.
Avant que de penser qu'on laboure une terre ingrate et froide il faut se rendre compte que le lien à l'autre se rompt dés lors que l'on se coupe de soi-même, et plutôt que de s'installer dans un état d'esprit de victimisation et d'accusation nous devrions songer à nous aimer mieux.
Il est des relations qui s’abîment malgré que l'on s'aime, car trop souvent les hommes recherchent la mise à distance, l'isolement et les femmes la fusion, tant pour ces dernières le couple est le lien privilégié à l’identité, l'époux devant être un père et un mari, un autre qui répare.
La volonté de l'amour intense est infantile tout autant que le fait de générer inquiétude, doute et tristesse dans un couple même si parfois on a l'impression d'être seul tout en vivant à deux et qu'une hostilité silencieuse s'invite, il s'avère nécessaire de se remettre en question.
Certaines disputes évitent d’accumuler des rancœurs, afin de quitter des zones de non-dits inconfortables, apprendre à écouter et laisser s'exprimer les attentes, les déceptions et les interrogations de l'un comme de l'autre, c'est tel d’entrevoir un nouveau champ des possibles.
S'il est nécessaire de mettre de la générosité et de la patience dans toute relation, il est encore plus important de comprendre les désirs et les aspirations de cet autre avec qui nous avons déjà autant partagé, tellement construit avant que de le ressentir comme une prison.
La vie se décline au prisme du regard que l'on porte sur elle, il faut savoir sortir de la dictature d'un temps qui ne s'offre pas, mais se prend pour reconsidérer ce qu'il nous est donné de vivre, avant que les regrets ne viennent à jamais défaire ce que l'on semble avoir fait de mieux.
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