LE TEMPS D'UNE VIE...



 J'ai si souvent rêvé d'avoir du temps pour moi, pour faire les choses de tous les jours, celles de tout un chacun, à ne rien faire ou à ne faire que trois fois rien, comme toutes ces gens qui ne connaissent pas leur bonheur, celui d'avoir ces instants précieux ou l'on n'est pas contraint de hâter le pas...

Longuement réfléchi à quand je serai libre, de toutes les obligations qui m'incombaient, au point de redouter l'alitement, l’absence d'un employé, un manque de marchandises, une mévente, l'avarie des marchandises, tous ces soucis inhérents au commerce de bouche, pendant autant d'années.

Il suffisait d'un rien, d'un détail pour faire d'une journée un cauchemar, d'une semaine une catastrophe qui plombe le mois, que ceux qui suivent ne rattraperont aucunement, tellement cette profession était le meilleur et le pire, le chaud et le froid, l'euphorie ou l'anéantissement brutal et sans mesure.

J'ai aimé autant que j'ai détesté ce qui était une prison, car tout était aléatoire alors que le risque était constamment présent, il suffisait d'un véhicule en panne, d'un frigo qui se met à faire du bruit, d'un contrôle inopiné des services de l'état, pour que le sol se dérobe sous nos pas, mette à mal la société.

Et quand tout allait bien, le ciel pouvait faire des siennes, d'une bourrasque faire fuir le chaland, d'un vent un peu trop fort emporter les étals, d'une forte température inquiéter des denrées déjà si fragiles, d'un coup de gel différer les ventes ou anéantir les perspectives de profit.

Pour fuir tous ses aléas je suis devenu sédentaire, ouvert une surface qui nécessitait plus d'heures de travail, d'autres contraintes mais bien plus astreignantes, une autre méthode de travail qui promettait, mais la crise de 2008 est passée par là, mettant à plat tellement de nobles espérances.
      


Tant bien que mal les tempêtes sont passées, mais aussi les années, qui me rapprochaient d'une sortie que j'envisageais à peine, pris dans l'engrenage infernal, des jours, des semaines et des mois qui ponctuaient des saisons, qui se succédaient avec leur lot de bonne ou mauvaise fortune.

A vingt-deux ans je me suis accroché au courage de ceux qui n'ont rien d'autre, tout entier tourné vers ce ciel silencieux dont on sait trop qu'il n'y a rien à en attendre, la quarantaine venue j'étais dans l'estime de moi-même, mais toujours en quête du jour ou réellement je m'appartiendrais...

Pour résumer quarante deux-ans de carrière.

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