LA CONTRAINTE DES PARENTS ....

  Hier encore pour autant que je me souvienne, il suffisait de faire grandir ses enfants, pour pouvoir prétendre vivre pour soi, s’enorgueillir d'avoir réussi, maintenant, il nous faut assumer nos parents, qui ne permettent aucune démission, alors que le coeur a encore ses conditions...

Une solution qui s'impose parce qu'il n'en existe pas d'autres, qui nous obligent à retrouver, des aspects plus ou moins oubliés de nos vies, pas tous agréables, accentués par le vieillissement et le désarroi de se sentir diminués, de ceux qui n'ont pas toujours été à la hauteur.

Les relations au sein d'une famille sont souvent ambivalentes, tellement il est des parents prompts à la critique, avec pour but premier l'optique plus ou moins consciente d’asseoir leur pouvoir, quand pour leur progéniture, il s’agit de ne pas s’abîmer dans toutes sortes de frustrations.

Aimer ses parents ne va pas de soi, n'est pas une évidence, toutes ces paroles lâchées ci et là qui nous reviennent de manière insidieuse, celles là mêmes qui nous mettaient le coeur en miettes, et qui rendent parfois la tâche autrement plus accablante pour bon nombre d'entre-nous.

En plus d'une contrainte affective qu'il faut peser, il y a trop de gens qui arrondissent les angles, enjolivent la chose au point de nous culpabiliser, alors que nous avons à cause de nos géniteurs, le sentiment de ne vivre qu'à moitié, tel un frein qui nous empêche de nous réaliser.
       
Il nous faut vivre en éprouvant inévitablement des sentiments contradictoires, comme s'il nous incombait de toujours restaurer quelque chose, tandis qu'eux-mêmes tentent par tous les moyens de prendre le pouvoir sur leur entourage, afin de retrouver de la maîtrise, mais surtout se rassurer.

Nous ressassant sans cesse un passé qui leur apparaît comme un havre de paix, alors qu'il est juste un crève-coeur pour nous, sans que nous n'osions régler des comptes avec eux, car ceci apaise rarement, mais nous emporte dans un flux d'émotions inédites autant que contradictoires.

Il nous faut épouser leur quotidien et leurs contrariétés, mais davantage que par devoir, se sont les liens affectifs qui sont à l’origine de nos sentiments de responsabilité, quant à ces parents qui aiment leur progéniture, que dés lors qu'elle est soumise, quitte à faire un carnage émotionnel.

Ils sont si peu conscients du mal-être qu'ils déclenchent, tous ces chagrins de l'enfance qu'ils font remonter à la surface, qui suscitent un incroyable besoin de dire ce que nous avons sur le coeur, tout le ressentiment, la colère, la rancœur et parfois même la haine, qui nous dévore.

Malgré qu'ils nous aient blessés, détruits,  manqués, il demeure en nous une sensation que l'on ne sait pas définir, comme si nous nous retrouvions dans la peau d'un petit enfant apeuré à leur contact, avec jamais comme d'habitude, personne pour partager nos doutes et nos scrupules.

La course à l'amour de nos parents ne fait pas gonfler le coeur, qui a grandi, comparé et aimé à son tour, ce qui explique fort bien que notre empressement exagéré qui les renvoie plus à leur handicap, qu'à un quelconque sentiment, ne rencontre que rarement son écho...

Il est des souffrances inextinguibles, qui semblent avoir été dépassées en atteignant l'age adulte, mais qui reviennent plus violemment encore, quand pour certains d'entre-nous il s'agit un  jour de prendre soin de ceux qui inconsciemment peut-être, ont été dans l'enfance leurs bourreaux.

Nous ne pouvons aimer par devoir, car en venant au monde nous ne demandons rien, il ne nous est donné aucun choix, autre que celui de nous fier à ceux qui semblent avoir eu un beau jour l'envie de fonder un foyer, en oubliant que celui-ci est surtout censé apporter de la chaleur.

Chacun a ses propres ressentis de l'enfance, mais s'il est une prépondérance qui revient souvent, c'est le manque, toute une tendresse dont se nourrit l'être en devenir, qui bien plus que tout protège et se voudrait rassurante, tous ces rendez-vous manqués, ces sourires si vainement attendus.


Mots pour une amie.