UNE BELLE LEÇON DE VIE...


 
Hier aux environs de treize heures, nous avons été appelés par une des nounous de notre mère, qui avait fait une chute de son fauteuil médicalisé, en heurtant la porte vitrée du salon elle s'est faite de multiples contusions heureusement sans gravité, mais nous sommes restés auprès d'elle...

De l'anxiété nous sommes passés aux rires, tant c'était elle qui gardait ses esprits malgré la chose, il s'agissait selon elle d'une chute qu'elle avait fait d'un arbre sur lequel elle était montée, nous avions oublié que notre maman n'avait que quinze-ans, l'âge de toutes les sottises.

Nous avons passé trois heures merveilleuses, l'une de mes soeurs devant partir le lendemain matin, s'est même amusé de la voir si enjouée, raconter à plusieurs reprises comme en s'excusant de nous avoir fait autant peur, elle était une petite fille qui s'excusait auprès de ses enfants.

Assise sur le canapé, entourée de deux nounous, ses deux-filles, sa petite fille et moi-même, je la voyais le visage rosi par l'émotion, voyager dans ce pays merveilleux de son enfance, sans même s'étonner d'avoir des enfants plus vieux qu'elle, auxquels elle attribuait d'autres identités.

Elle nous forçait à partager quelques biscuits posés là, proposait un jus de fruits à tous, s’enquerrait du regard d'une situation confuse, mais je la sentais tellement contente de nous voir ainsi réunis autour d'elle, l'imaginant capable de fomenter de tomber à nouveau d'un arbre.

Il m'a été agréable de la voir ainsi sourire, tellement plus vivante que d'habitude, comme si le côté espiègle de l'enfance était le seul paradis qu'il nous reste, lorsque comme elle, on a traversé le siècle avec un coeur sur le bord de la résilience la plupart du temps.
        


Elle nous a tous incité à partir, les uns après les autres, me troublant d'autant plus, que d'habitude elle cherche à nous retenir auprès d'elle, je suis resté avec son auxiliaire de vie jusqu'à la fin, et m'en suis allé non sans poser un dernier regard attendri sur la femme qu'est ma mère.

Inlassablement les vagues de la vie érodent ce roc séculaire qui force le respect, car même diminuée une mère éprouve pour sa progéniture, un sentiment qu'aucun mot ne qualifiera jamais, car même quand les bras doivent lâcher-prise, les yeux prennent le relais plus empreints d'amour que jamais...


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