UNE VIE QUE REMPLIT L'ABSURDE.....
Les oiseaux volent vers le sud pour l'hiver, les coccinelles courent le long des crevasses et des affleurements rocheux aux contours si singuliers, quand à moi je reste en ce lieu profond et intime, ou je converse avec moi-même, afin de vivre encore de manière inconditionnelle, presque tragique.
Il y a des déceptions qui nous font ouvrir les yeux et qui ferment notre coeur, qui nous font préférer le silence qui en dit long, aux mots qui n'ont jamais rien signifiés, mais nous font perdre nos repères en donnant l'impression de ne plus être, quand il faut mieux nous recentrer sur ce qui nous ressemble.
Le regret du passé autant que la peur de l'avenir nous égarent sans cesse, il s'agirait pourtant de ne pas vivre dans le présent du passé qu'est la mémoire, mais plutôt de converser avec l'âge plus mature qui nous surprend, du fait d'une imagination qui s'évade, dessinant un sourire sur notre visage.
Après avoir vécu une vie qui n'est pas réellement la notre, il nous faudrait ressentir un autre chemin dans son immense plénitude, en empêchant les sentiments de nous noyer, en les faisant ressortir, afin d'épouser ce qui nous vient, ces moindres instants mais à chaque fois d'une façon différente.
Il me semble que nous ne vivons pas nos vies à force de les attendre, en fomentant de faux espoirs, en oubliant que toutes les histoires s'oublient quelques unités de temps plus tard, alors que ce tout n'est qu'un château de cartes, une élucubration invraisemblable, une illusion pesante et épuisante.
Il devrait être possible de vivre en poète avec légèreté, d'accueillir le plaisir et le déplaisir depuis la joie d'être en vie, au lieu de tout faire pour être bien plus tard, quitte à se pourrir la vie, pris dans le carcan des obligations, ou en n'acceptant jamais d'être faillible ou délicatement imparfait.
Nos erreurs sont les brisures par lesquelles la lumière entre en nous, tout autant qu'une négligence fortuite peut-être un miroir sans filtre, une blessure ouverte que l'on inflige, qui peut mettre à mal une dignité, et laisser sans réponse un idéal auquel nous avons prétendu à juste titre.
Nos pensées sont souvent liées à des regrets, de la tristesse ou de la culpabilité, comme s'il s'agissait de sublimer nos tensions, de laisser nos émotions négatives nous envahir, tant il est facile de ressasser les rêves qui ne se sont pas réalisés, pour demeurer au plus prés de ceux qui sont figés.
Nous sommes de moins en moins patients avec ceux qui nous entourent, de quelque fâcheuse tendance à nous replier sur nous-mêmes à la moindre insatisfaction, alors que le sel de l'amitié tient dans la diversité des réactions et des comportements et non dans des interprétations abusives.
Prisonniers d'une fidélité familiale étouffante, sans cesse condamnés à dépasser nos résistances intérieures ou celles érigées par les autres, ou à nous libérer de toutes sortes de conditionnements, nous arrivons à nous oublier, ou en tout cas n'être plus en phase avec nous-mêmes.
Il faudrait sortir de l’illusion, que le bonheur tient à ce que nous désirons sans même regarder ailleurs, se souvenir que la vie est à la fois, ce qui vous fait verser des larmes ou rend fou de bonheur, et aussi se convaincre que tout ne doit pas forcement être dans la continuité d'hier.
Quitte à fâcher certains ou en blesser d'autres, il ne s'agit pas de retourner les silences contre soi, de cultiver le remords qui n'est qu'une forme de nostalgie qui détourne du bonheur en ne laissant pas venir les choses avec espoir, mais plutôt de ne pas toujours chercher à tout expliquer.
Le souvenir implique de comprendre ce que l'on a fait aux autres, tout autant que ce l'on a subi de ceux-ci pour ne pas vivre éternellement sur l’île des regrets, d'être vivant pour embrasser d'autres défis, et d'avoir l'interstice de conscience qui permet de relativiser ce que nous avons à vivre.
Souvent nous n'écoutons pas " les vibrations du partir" préférant aller jusqu'au point de rupture, comme pour rajouter du mal à un mal, en ressassant, et en fermant le chemin des possibles à cause de paroles ou gestes maladroits, qui sont venus briser un élan autrement prometteur.
Le regret est le sentiment de douleur que nous assène une absence sans que l'on ait mal agi, une mer qui se fait immobile malgré les vagues qui se précipitent, l'instant ou à l'aveugle le jour échappe à la nuit, et que pour nous les nuances de l'aube commencent à profiler d'autres horizons.
De Charybde en Scylla de simples mots peuvent faire s'échouer une prometteuse amitié, emportant les bons souvenirs, et les brassées de bonheur qui se regrettent ou pas, mais qui ne manquent pas de laisser dans leur sillage quelque chose qui ne se suffit pas, un sentiment d'étrange raté...
Commentaires