IL ÉTAIT UNE FOIS UNE FEMME...



 Il était un petit bout de femme, toujours en bord de sa vie, qui a vécu en s’effaçant, car le destin le lui  imposait, qui n'a existé que pour servir à quelque chose, un but bien particulier que celui d'élever les enfants d'un autre, qui lui même a vu fuir son véritable chemin de vie, c'était il y a longtemps.

Une vie faite de soumissions, un effacement autre que celui dont la femme a l'habitude en ces régions du monde, ou elles sont choisies pour être utilisées, corvéables à merci, faisant abstraction de tout, s'acceptant dans le reniement d'elle-même, pour n'être qu'une ombre qui se doit d'être invisible.

Il était une fois, une femme qui a vécu sans vivre, toute entière tournée à panser les blessures des uns et des autres, chasser les démons d'un homme qui en devenant son époux la réduisait à ceux-ci, si habituée à servir sans protester, qu'elle est devenue invisible aux yeux de tous, même des siens. 

Les yeux ouverts les lèvres closes, elle a traversé un siècle éprouvant et destructeur, vécue dans une maison qui n'était ni un lieu de paix ni de sécurité, confrontée au mépris et agressions de toutes sortes, à l'instar de ses homologues féminines, qui n'ont jamais crues qu'existait le rêve.

Il y a toutes ces femmes qui vivent dans un angle mort de la conscience collective, dont les vies n'ont jamais été un long fleuve tranquille, dont personne ne s'est jamais préoccupé, et qui n'ont eu d'existence que par le biais d'une appartenance quelconque, un époux, une famille, un village.

Toutes celles qui dissimulaient un moindre sourire, n'osant jamais signifier qu'elles sont vivantes, vivant recluses dans une infériorité imposée, une soumission protectrice, fantômes errants sans conséquences, qui sitôt disparues sont rapidement oubliés, comme pour excuser davantage un système si archaïque. 
      
Il y avait ce petit bout de femme, que j'ai connu sans vraiment connaitre, qui est restée la petite fille logée dans son coeur, que j'ai prise dans mes bras il y a peu comme pour lui dire adieu, qui m'a laissé ému comme rarement dans la vie, je savais qu'elle aimait le refuge du sourire offert.

Elle nous a suivis jusque vers la route, comme pour nous retenir encore un peu, peut-être comme on revient à des souvenirs, un lieu, une époque ou la vie pouvait encore s'espérer, et aussi retrouver le visage le moins inconnu à son coeur, qui s'en est allé, la précédant de très peu.

J'ai laissé derrière moi un pan de vie, une période révolue qui n'a plus lieu d'être, comme s'il s'agissait de laisser partir enfin l'enfant en moi, qui en ne retrouvant plus rien en se retournant, devient bien plus triste encore, comme s'il s'agissait pour lui de vieillir un peu plus, de s'en aller.

Il est des êtres qui sans dire mot existent dans votre subconscient, ils imprègnent votre âme d'une sérénité, votre mémoire d'une douceur à nulle autre semblable, comme quelque gout d'ailleurs qui nous ressemble, et dans lequel à un certain moment de notre vie, il a fait bon vivre. 


Hommage à celle qui a porté son coeur en bandoulière













































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