LA FRANCE ET NOUS...



 Hier nous avons dîné tous ensemble, mon frère et moi ainsi que nos épouses, certains de nos enfants étaient là comme rarement réunis autour de nous, jusqu'au petit dernier plus turbulent que jamais, qui allait des uns aux autres , promenant sa gouaille joyeuse tout heureux de quelques nouvelles têtes...

J'ai senti réunies les plus belles promesses qui soient, des horizons dégagés, de bien nobles perspectives quant à ces lendemains qui faisaient si peur à nos parents, qui ont accepté de nombreux sacrifices, tant ils accordaient une valeur importante à école, mais toujours dans la soumission.

Ils avaient juste le souci des fréquentations néfastes, évitant de rencontrer les enseignants sauf en cas d'absolue nécessité, n'ayant jamais connu les bancs de l'école, ils nourrissaient des projets scolaires plus ambitieux pour nous, qui devions réaliser leurs désirs, des rêves qui se concevaient à peine.

La plupart d'entre nous ont eu des parcours en dents de scie, car la corrélation entre l'origine sociale et la destinée scolaire est une cruelle évidence, une tragique réalité tellement pour les enfants que nous étions, la famille ne fut jamais un espace de construction, juste un gite et un couvert.

La précarité économique, la distance symbolique à l'école et le repli identitaire ont été des obstacles pour ceux qui étaient toujours dans une logique de rattrapage, et même si en dépit d'une condition modeste, l'expérience en France était bien vécue, elle devait faire face à des dérapages historiques.

Ils ont vu grandir avec inquiétude l'état de suspicion et de méfiance de leurs hôtes, fait du mal-être des banlieues, fui pour la plupart des cités à fleurs de peau, ces quartiers à l’abandon qui se voulaient un terreau si fertile à la petite délinquance, au grand banditisme, pour tous leurs jeunes en errance.

Et malgré qu'ils tendaient vers une république fraternelle, il n'ont à nouveau pas été entendus, d'une société Française qui a perdu ses colonies, faute de n'avoir pas su répondre aux demandes d'égalité, et à nouveau reproduit ses erreurs, stigmatisant par là même une partie de sa population.

Faisant face aux idées reçues, intensifiées par une ère de double discrimination, ils sont passés de l'état de nord-africains, à celui d'arabes suite aux événements dus à la décolonisation, pour se  retrouver relégués à celui de "musulmans" depuis le World Trade Center en 2001.

La discrimination par la religion, qui tend à montrer du doigt et à faire des musulmans les responsables des malheurs du monde, me fait penser au bouc émissaire qu'ont représenté "les juifs "dans l'imaginaire collectif, une vision figée de la France coincée entre son passé colonial et un présent houleux.
      
Malgré que l'école reproduise les inégalités sociales sous forme d'inégalités scolaires, que la confiance de nos parents en elle allait de soi, nous avons aimé aller à ce qui semblait une fenêtre vers un ailleurs, bien loin du destin pathétique de nos aînés, malgré les lacunes et les difficultés....






A présent nous offrons à nos enfants un cadre familial que nous savons primordial, tout en les mettant en valeur afin qu'ils prennent l'initiative d'intervenir, pour s'accomplir sans perdre de vue la mémoire de tous ceux qui se sont conjugués pour leur permettre enfin un avenir différent. 

























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