LE DESIR D'EXIL...
L'EXIL
"Les yeux en pleurs, tu me demandes
Ou je vais et pourquoi je pars,
Je n'en sais rien: les mers sont grandes
L'exil s'ouvre de toutes parts" Victor HUGO
Lorsque que nous voyons certains ainsi partir à pied et traverser les frontières, car ils ont la nette impression d'une porte qui se ferme et les fait se retrouver en dehors, qu'ils désirent fuir la main injuste de l'histoire et ces guerres qui ne sont pas seulement dans les livres, on peut se demander de quelle manière nous en sommes arrivés là.
Nous avons pensé à tort que l'âme grandit dans la souffrance, mais il serait temps de quitter nos illusions et nos utopies pour être enfin plus lucides, même nos vies intérieures ne sont plus des ressources essentielles, car elles ne nous appartiennent plus, dépossédés que nous sommes par une incessante fuite en avant.
Nous restons sans cesse partagés entre deux désirs, vouloir prendre le large et partir, qui serait comme trahir malgré un naufrage économique, un pays au bord du gouffre et la dureté des temps que ne peut estomper la grande implication du religieux dans le quotidien, ou tout bonnement vivre en êtres égarés.
Tous ces gens qui rassemblent une immense détresse, ces êtres humains hagards, meurtris et souffrants, qui s'enracineront certainement avec le temps, pensant rejoindre un idéal, construire un rêve plus lointain, mais ne seront toujours qu'une triste litanie qui illustre l'éclatement d'un monde déshumanisé.
Des départs à contrecœur pour ceux qui s'interrogent sur le sens de la vie et qui cèdent aux sirènes de l'exode, sans trop comprendre qu'il leur faudra avoir la volonté de s'ancrer et de s'inscrire dans le temps long, avec au dessus d'eux un ciel aux couleurs crépusculaires et aux clairs obscurs violets.
L'exil est un récit propre à chacun, souvent revêtu d'un mythe, avec des affects qui se disent et d'autres qui se taisent, des pays plus marqués par celui-ci que d'autres, tel quelque chemin que chaque jour des milliers d'individus de par le monde empruntent à leur corps défendant.
Un cri d'alarme autant qu'un cri du coeur, qui ne sera pas plus que d'autres entendu, mais peut-être devra-t-il être donné à chacun d'éprouver la douleur dans sa chair pour entendre ce qui se passe, et se demander comment nous en sommes arrivés à une situation qui ne peut que nous désoler.
L'espoir vaincu se lit sur tous les fronts, autrement que du fait d'une vertu qui a du mal à se dessiner et des valeurs qui ne se transmettent que dévalorisées, et notre vision du monde devient de plus en plus floue, au point que nous ne pouvons que nous demander s'il existe encore un futur qui ne soit pas un exil.
Il est tellement peu de pays dont les habitants ne songent pas à un quelconque exil, une sorte de désir de fuir, ce qui ne leur ressemble plus, ou ne les rassemblent pas pour maintes raisons, peut-être pour aller ailleurs que là ou les hommes ne se sont pas choisis pour Dieu l'argent.
Faut-il vraiment que l'on soit tout au fond de l'abime pour enfin ouvrir les yeux, sur ce dans quoi nous nous enfermons sans véritable finalité, car comment ignorer nos rues quadrillées par ces mains qui se tendent, vers d'autres qui ne demanderaient qu'à se tendre, si ce n'était la dignité.
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