DE LA COLÈRE A LA TRISTESSE...

 

 En quelques instants j'ai revu les événements fugaces et rapides, les retentissements, les ruptures et les renoncements qui ont laissés des traces en chacun d'entre nous, qui ont fait que la vie a été plus forte que les plus belles affirmations, dont nous nous sommes trouvés un jour si éloignés.

En nous faisant baisser les armes notre tristesse nous invite à revisiter les liens qui nous unissaient, le vide et l’abandon que certaines morts entraînent, sont là pour nous mettre face à un inconscient qui se souvient de tout, nous faisant passer de la colère du deuil au silence qui hurle.

J'ai visité tous les regards, ces bouts de chagrin, ces fenêtres ouvertes sur tant de rêves qui veillent, jusqu'à entendre les souvenirs venir apaiser nos douleurs, pallier à l’indicible des défaites étranges que nous sommes tous plus ou moins, qui avons usés nos jours à nous remplir d'orgueil.

C'était pour moi tel de relire au hasard quelques pages du grand livre de la vie, celles ou nous nous sentirions bien de nouveau, heureux tous ensemble de passer à autre chose, tellement nos yeux ont eu à peine le temps de voir défiler toutes ces années, dont le reflet triste demande à être revisité.

Tous les regards étaient une sorte de départ vers un nouveau voyage, celui qu'aucun d'entre nous ne savait entreprendre, de voir que ce qui les fait pleurer est ce qui hier nous rendait heureux, et qu'il nous suffirait de vivre comme au temps d'avant, pour libérer la tristesse installée en nous.

L'automne était triste avec sa bise et son brouillard, autant que parfois pleurer reste le moyen de sortir des choses profondément enfouies, mais j'ai compris en vous revoyant que lorsqu'on a le désir d'aller de l'avant, les moments de solitude finissent par disparaître au travers d'un sourire.

Les sentiments sont comme les rêves qui ne meurent que dés lors que nous les abandonnons, nous nous sommes enfoncés dans un puits d'incompréhension, une pièce sombre dont nous n'avons plus la force de revenir, mais "nul ne peut atteindre l'aube sans passer par le chemin de la nuit."Khalil Gilbran.

Vivre c'est évoluer entre les sentiments, le rêve et la raison, parfois c'est douloureux et on ne peut assister qu'impuissant et désarmé à des tournants nécessaires, aux différenciations ultérieures, aux choses qui ne sont plus, ou ne seront plus, sans trop pouvoir deviner l'évolution à venir.

Il nous est donné de souffrir par compassion, affection et réactivation de séquences de nos vies, des affects liés autant à des pertes qu'à des deuils, mais lorsque nous accueillons la tristesse au lieu de la refouler, elle nous ouvre d'autres horizons, un avenir bien plus enclin à nous voir sourire.

Le reflet de nos ressentis n'est pas spécialement ce que nous montrons, ou dans notre comportement, affronter la partie souffrante de notre être, c'est ne plus se sentir loin de soi pour juste accueillir les tumultes émotifs qui nous éloignent les uns des autres, sans bien trop savoir de quelle manière.

Nous avons coutume de dire lors d'un décès que ceux qui restent sont condamnés à vivre, j'ai senti l'isolement qui me sépare des miens, qui je sais aussi souffrent beaucoup, il nous a été donné d'être d'une même famille qu'on le veuille ou non, alors ne restons plus si seuls et impuissants.

La mort réveille des peurs, nos peurs internes, il y a une impression de vide pour tous ceux qui restent quant à ce néant qui nous sépare autant qu'il nous rapproche, qui vient nous rappeler que ce qui nous relie est bien plus essentiel en tout que ce qui parfois vient nous cliver.

Il n'existe pas de deuil que ne guérisse les larmes, il exige juste d'être compris et accueilli avec la ferveur d'un cœur qui ne demande qu'à aimer, et juste se retrouver là ou l'âme humaine trouve sa place, pour vivre à nouveau sous le regard des autres, comme le voudrait nos ancêtres.

"Hors c'est dans le miroir des autres que parfois on se reconnait." Jacques Prevert

Lettre ouverte à tous les membres de ma famille que j'aime, dont j'ai croisé les regards au funérarium de Bobigny le jour de la levée du corps de ma tante TAOUS




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