L'AUBE DE TOUTES LES PROMESSES...

 

Lettre d'une mère à sa fille.

 Je sens intérieurement que l'époque bénie de l'enfance n'est jamais bien loin, même si tu as tellement grandi, que je dois me résoudre à ne pas te garder toute entière pour moi, et avoir la force de te laisser aller vers ce que je sens confusément que tu seras, enfant tu étais déjà l'aube de tant de promesses. 

Même si nos voix se nouent et nos yeux s'embrument, et que bien des vérités sont enfouies au fond de nos tripes, je me suis basée sur mes propres désirs et besoins, sur mes propres failles et angoisses, pour à la fois te protéger et t'exposer au monde, être disponible sans être trop excessive.

La fatigue, l'irritation et les frustrations qui transforment une mère en ouragan, ne m'ont pas empêché de rester ouverte et attentive à ta façon d'appréhender la réalité, de lâcher du lest sur ce que tu désirais, tenter de ne pas être excessivement présente, ni de faire peser sur toi des attentes démesurées.

Parce que je sais qu'une femme est par nature imparfaite et complexe, et qu'en devenir une est quelque chose qui se bâtit dés l'enfance, j'ai peut-être été encline à tomber dans une culpabilité qui est l'apanage des femmes, acceptant par là même les désaccords impossible à éviter quand on est mère et fille.

Comme pour conjurer le cours hasardeux de la vie, celles-ci ont souvent une relation empreinte de bien des exigences, des paroles malheureuses qui font monter les larmes aux yeux, tellement il est vrai que dans les relations humaines tout est à rejouer sans cesse, allant de ruptures en retrouvailles.

Être proche et lointaine à la fois, celle qui critique comme celle qui écoute, et parfois même interprète mal ce qui ne devrait pas l'être, sans toutefois cesser de créer ces instants de complicité qui mènent à la relation aux tons idylliques, qu'un jour prochain je ne sais l'ignorer il me faudra pourtant abandonner.

Il est tant de critiques qui relèvent de nos propres anxiétés, quant à vouloir élever une miniature de nous mêmes, avec laquelle on se débattra longtemps, comme pour nous rappeler combien une femme est bien souvent prisonnière sans le savoir de sa propre mère, autant que de sa propre enfance.

Le contraire de l'idéal c'est l'effacement pas la réalité, une mère absente devient un objet de quête quand omniprésente elle est un sujet de rupture, malgré qu'elle se réjouisse toujours de voir sa fille éclore, un regard, un mot, ou une attitude allant prendre entre elles, parfois des proportions gravissimes.

Tel un miroir qui renvoie une mère à sa propre image, à une prolongation de sa propre existence, une relation mère fille déclenchera toujours un attachement profond chez cette dernière, qui subsistera bien au delà de la mort, un territoire commun ou l'on se sent bien ensemble ou pas, mais tellement prégnant. 

A une époque ou tout est sujet à interprétation, lorsqu'en matière d'éducation nous entendons tout et son contraire, il est dur pour une femme d'avoir une fille tant elle sait combien la vie est plus compliquée pour celles-ci, non seulement pour l'avoir vécu mais pour encore le découvrir au quotidien.

Une mère n'a d'autre choix que d'être celle qui fait mal pour endurcir, d'être le regard voyeur que son enfant croisera fatalement dans la rue, les remarques acerbes autant qu'indélicates d'une quelconque violence masculine souvent  éprouvée alors qu'on la fuit, qu'on s'en cache, sans être à l'abri nulle part.

Pour la maman de Yasmina MESSAOUI  ( ma belle fille )












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