L'ABIME DE LA CONSCIENCE...


Une figure maternelle vacillante, qui fixe la fenêtre le visage fermé, comme s'il s'agissait pour elle de se retrouver dans le trou noir de l'éternité, nulle part au pays de l'absurde, là ou elle n'a plus rien à vivre, le regard racontant un désespoir qui s'entend.

Des yeux qui s'égarent, prennent peur comme s'ils recherchaient constamment la maison de l'enfance, des comportements étranges, un langage diffèrent, un esprit qui se vide davantage de jour en jour, nous laissant avec une caricature pesante d'elle même.

Quant le sommet du supportable et de l'incompréhension est atteint, que nous sommes confrontés à des situations pénibles et presque surréalistes, partagés entre réalité, douleur et révolte, il nous revient en mémoire la dévotion incroyable avec laquelle elle s'est occupée de notre père.

Devant une fin de vie misérable nous oscillons entre toutes sortes de sentiments, avec le désir lancinant mais réel de tout laisser tomber, inquiets et à bout, mais aussi la peur de finir avec la même maladie, en ce drame infini qu'est l'oubli ou l'on est à la fois petit et grand.

Nous avons la sensation d'être pris au piège d'une marée montante, mais tellement dans la beauté des mains ridées et usées qui touchent nos visages avec tendresse, qui nous font sentir qu'elle se bat pour ne pas partir complètement, mais qui décuplent la frustration et le chagrin.

Devant la bataille solitaire d'un être cher, il s'agit de réapprendre la patience, d'écouter son désespoir, d'aller au devant des mots échappés pour les comprendre, malgré un quotidien difficile et angoissant, et une nausée en permanence laisser parler nos coeurs.

Il faut se contenter des drôles instants volés à la maladie, profiter de nos immenses fous-rires quant à ses loufoqueries dans une forme d'abandon douloureux ou l'on regrette nos manquements, et surtout lorsque les mots ne suffisent plus n'avoir pas la gêne des caresses qui apaisent.

Il est difficile d'aimer des vies qui s'en vont, qui se souviennent moins de ceux qu'elles ne voient plus, tel si loin des yeux loin de la mémoire, et comme s'il s'agissait pour elles de laisser des êtres qui ont compté, face au lourd et triste fardeau de la mauvaise conscience pour l'éternité...

Car il y a une mère quelque part, qui encore se vexe, s'énerve et fait des crises comme un enfant, qui n'a plus que les siens pour faire cesser ses pleurs diurnes quant à ce voyage sans fin qui s'amorce et dont elle ne veut pas, peut-être pour rester encore un peu avec eux...


LETTRE A MA FRATRIE

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