UNE CERTAINE DIGNITE...
Il était une fois un monde colonial dont d'aucuns se souviennent, entre hier ou maintenant encore en prenant une autre forme, ou des nations étaient privées de leur liberté et des peuples maintenus sous le joug de certaines puissances autoritaires qui prétextaient les sortir de l'ignorance.
Puis il y a eu l'homme de la rue, celui d'une Egypte berceau de la civilisation africaine, qui a appelé les foules au démantèlement des privilèges de toutes sortes, encouragé au retour à la dignité celui qui a courbé le dos devant ce qu'il pensait être le seul destin possible pour sa descendances et lui même.
L'Egyptien a eu un cri du cœur depuis trop longtemps oublié, et que les historiens devraient réinvestir, qui a capturé l'émotion de tout un continent car il a été plus loin que nul ne l'aurait imaginé, il a brisé le plafond de verre des nations opprimées, des peuples dont la mémoire était bafouée.
En ce pays ou la religion gouvernait, faisait que les femmes ne sortaient qu'à la tombée de la nuit, les yeux soulignés d'un khôl que personne ne pouvait admirer et habillées d'un voile qui s'étendait sur l'infini de leurs corps, il y eu ce féminisme qui a su naitre malgré des siècles d'humiliations.
Toutes ces figures féminines qui ont si bien su combiner religion et féminité, et tous ces hommes qui ont procédé à une exclusion sans gloire et souvent sans effusion de sang des puissances coloniales qui se pensaient là éternellement, ont su porter au cœur des hommes l'espérance et le gout de vivre.
Le fil de l'histoire du peuple égyptien traduit l'enthousiasme sans nom de ceux auxquels certains ont volé leur identité, les attentes profondes d'un tiers monde oublié, tant les aspirations profondes et silencieuses de femmes et d'hommes qui ignoraient qu'ils étaient des humains à part entière.
En toute chose il y a des tonalités sombres mais il nous suffit d'interroger les circonstances, ces temps troubles ou se mêlaient panarabisme et socialisme, pour comprendre à quel point les rues d'Alexandrie noires de monde ont contribué à redistribuer les cartes pour le reste de l'humanité.
L'Egypte des années cinquante a été le miroir des peuples humiliés, en ouvrant le champ des possibles elle a invité le monde opprimé à relever la tête pour devenir maitre de son destin, mais aussi prendre sa revanche sur le mythe de puissances coloniales invincibles, il suffit de voir ce qui est venu après.
En s'appuyant sur son cinéma déjà bien ancré en certains pays elle a envoyé sur les écrans du monde entier un message fort fait de tous les rêves conjugués mais refoulés d'une grande partie de l'humanité qui s'est tellement reconnue en elle, qui a su aussi braver le destin
Il est certain que la flamme semble à nouveau s'éteindre, mais quelque chose a changé auquel nul ne pourra plus rien, une certaine fierté qui émane de ces régions du monde hier condamnés à n'être que des rentes de situation pour d'autres, une cohérence dans leurs projets de vie.
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