UNE GRIVE INSOUCIANTE...



 Les mots qui nous viennent, dés lors que nous ne drapons pas de doutes nos certitudes, et lorsque nous avons tendance à tendre l'oreille vers un écho qui n'apportera rien d'autre que ce que notre cœur sait déjà et dont il se souvient, sont malgré nous souvent empreints d'une indicible mélancolie.

Tant les souvenirs aux couleurs passées, couleur poussière, sont le ruisselet qui nous fait courir vers une âme, qui tend à faire exister ce qui n'existe pas, et à geler les bruits de notre cœur sur un nuage qui se reforme sans cesse sur le même visage, un coin frileux du passé qui ne finit pas de s'en aller.

Mais que vienne à passer une grive insouciante qui nous parle du printemps à venir, et nous voilà enclins à ne plus tourner le dos au soleil auquel nous voulons aller, à nous souvenir sans nous laisser envahir par les ravins étirés qui tapissent nos rêves, comme pour être à nouveau au seuil d'un matin.

Parce que nous avons tendance à colorer d'émotions nos vécus, que nous nous coupons trop souvent de la réalité, en rêvant d'un cygne qui ouvrirait ses ailes sur notre ciel noirci, d'un soleil qui nous réchaufferait sans nous blesser, le sourire est bien souvent au bout de certaines de nos larmes.

 Nous nous sentons toujours les esclaves un peu rustres de ces bonheurs trop fugaces et des chagrins trop lourds, des silences qui tendent à étouffer les mots sans jamais y parvenir, des aubes indécises ou se mélangent les regards espiègles qui se teintent de couleur acier en se mirant dans leur désespoir

Sur ces chemins aveugles l'égo a besoin de la parole, des mots qui viennent combler des vides, ce voile bleuté ou nous laissons nos soucis et nos angoisses vivre sans nous, qui vident nos inquiétudes de toute raison d'être, pour n'être plus affectés par ces tempêtes qui ne demandent qu'à passer.

Lorsque la raison s'invite à accepter les choses qui ne devaient pas être, davantage réaliser que le chemin emprunté jusque là est le bonheur lui-même, et que nous pouvons avoir été violents, indifférents, lourds ou légers quant au regard que nous avons porté sur l'autre, nous nous découvrons un ciel plus vaste.

Le silence pour celui qui sait s'en emparer est un retour sur soi, une parole intérieure qui calme et apaise, transcende car il éloigne notre cœur de ces nuits sans lumière aucune, comme pour un autre chemin, un tout petit matin qui rappelle ce que l'on doit vraiment entendre, un horizon de clairvoyance.

Les cris rentrés, les mots  trop vite prononcés, ainsi que les paroles oiseuses qui nous font retrouver nos joies et nos peurs, un horizon que nous modulons au gré de nos ressentis, qui nous font nous perdre dans les rêveries, l'anticipation ou l'inquiétude qui dépeuplent nos jours, et éternisent nos nuits.

Nos cœurs se devraient d'être des cieux si vastes réservés aux moments contemplatifs, quant à tout ce qui leur est donné de vivre s'ils savaient s'éveiller et regarder à l'intérieur, et ne plus substituer le mensonge à la réalité afin de ne plus redouter la peur du silence qui n'est pas celle de la solitude.

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