LA TRISTESSE EFFACEE...


 J'ai connu tant tes jours gris, ceux qui faisaient la pluie en des yeux beaux à mourir, et j'ai aimé un sourire effacé qui ne ressemblait qu'à un soleil que quelques nuages cachent, mais dont on ne peut que deviner la présence, l'aura lumineuse qui inconsciemment se met à nous manquer...

Douloureusement j'ai entendu tes silences, tes appels qui n'en n'étaient pas, un regard qui prolongeait la souffrance contenue depuis trop longtemps, que personne ne semblait comprendre, car il est des peines qui ne font pas de bruit, celles qui remontent du plus profond de nos âmes.

Tu étais une ombre légère, passagère de sa vie, qui m'est devenue en quelques temps si familière, que mon coeur n'a pu que s'emballer d'une rencontre fortuite, un regard poli, un tout simple échange de banalités, de ceux qui ne manquent pas dans ce milieu, que tous les deux arpentions.

Chacun d'entre nous trainait un coeur en bandoulière, exprimait une singulière absence, semblait si ailleurs que plus personne ne lui prêtait attention, et nous avons fini par nous reconnaître, nos regards se cherchant silencieusement, l'un était timide et l'autre n'attendant plus rien de la vie.

De quelques mots ont émergé des sourires, ceux qui s'adressent à l'âme, que ponctuaient des silences gênés, tellement chacun ne se pensait pas à sa place dans le mystère qui enveloppait l'autre, mais nous nous sommes apprivoisés sans deviner que nos chemins de vie allaient autant fusionner.

Je suis toujours dans le vertige de l'entre-deux qui caractérise l'avant, comme s'il me fallait retomber en amour éternellement, de la femme qui s'est emparée de mon être tout entier pour l'emmener bien loin de ce qui lui entaillait la vie, comme si elle avait décidé de prendre en charge mes blessures. 

Nous comptions les jours, les mois, puis nous avons souri aux années qui  se succédaient, au point de nous inventer un jour d'avril pour anniversaire, un soleil printanier qui déchirerait le voile gris de nos pensées sombres, un sourire venant de trop loin pour se suffire de quelques mièvres explications.

Nous sommes rendus à l'heure de la tendresse, aux petites attentions qui sont le fait d'un vieux couple, plus rien ne venant assombrir le monde que nous nous sommes inventés, l'univers auquel nous tenons et qui aliène autant le corps que l'esprit, nos âmes étant avant nous  jumelles depuis si longtemps.

Chaque jour qui se lève à ton visage, fait que je me sens comme un gamin facétieux qui a trouvé une complice pour fuir un monde qui ne lui ressemble que si peu, te bousculant parfois pour aller au delà de ce que nous permet la bienséance, ces dogmes d'un autre siècle dont nous sommes les esclaves.

A présent je te sens heureuse, tel pour dépasser ta tristesse d'hier, celle à laquelle tu t'étais livrée corps et âme par ennui ou sentiment d'abandon, même s'il t'arrive d'avoir la nostalgie d'un temps révolu qui a permit notre rencontre, autant que toutes ces années que bientôt nous ne compterons plus...

GIOIA 

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