LA LUNE EN PLEURS...
J'ai entendu la nuit , j'ai attendu le sommeil, tenté de fuir les pensées de la veille, les mots qui renvoient à la souffrance, mais les miennes n'étant jamais trop loin j'ai fini par m'abandonner au pleur silencieux qui s'est couché auprès de moi et que je ne comprends toujours pas.
Je me suis serré contre tes pensées, comme si je désirais les étouffer pour n'avoir plus affaire à elles, je les trouvais tellement infondées que j'en rageais intérieurement, avec aucun moyen de te convaincre que tu partais dans une dérive qui t'emportait tellement loin de nous deux.
La lune me regardait au travers la baie vitrée de ma chambre, me faisant entendre les pleurs d'une âme qui ne voulait pas s'éloigner, qui se sentait rejetée alors qu'elle ne l'est pas, qui était dans l'accusation qui nous rend tous les deux malheureux sans que rien ne le justifie.
C'est comme s'il s'agissait pour toi de perpétuer un vide qui grandit au fil des ans, d'interpréter tout à travers les filtres de tes blessures, vouloir disparaître pour ne pas prendre trop de place, douter de ton droit à être aimé, et finalement n'être qu'un enfant dans un corps d'adulte.
Un enfant sage et tranquille, ne causant pas de problèmes et ne faisant pas de bruit, qui a peur de lui même et des autres, un autre moi-même qui m'a ému, qui pour réduire sa douleur devient ce que tous les autres veulent, quitte à être éternellement souffrant et constamment fuir.
Il y a des personnes qui à force d'être blessées en deviennent blessantes, qui portent en elles le fardeau d'une dimension émotionnelle qui reflète leur vécu, des expériences plus ou moins surmontées, qui en aucun cas ne désirent être perçues comme des coupables dans leurs amours.
Parfois il s'agit juste de se protéger et de protéger l'autre, tout en ne trouvant pas les mots justes, ceux qui rassurent, qui continuent de faire croire à une histoire quelque soit la distance et les circonstances, celle que l'autre attend de toute son âme, car elle s'avère son plus tendre refuge.
Je ne veux pas, et je ne veux plus, ni pour moi non plus que pour personne d'autre, de ces traversées du désert qui meurtrissent, laissent un gout d'inachevé qui ne nous quitte plus alors que l'on peut toujours faire autrement, en posant à nos cœurs les mêmes questions mais de façon différente.
Lorsque nous avons beaucoup souffert, que nous continuons de souffrir pour de multiples raisons dont l'autre ignore absolument tout, il faut juste se poser et dire avec des mots non souffrants les choses, ces non-dits qui nous étouffent et nous mènent tellement loin de lui et de nous mêmes.
La lune en pleurs m'a happé douloureusement une bonne partie de la nuit, pour faire que je trouve les mots qui font que l'aube naissante découvre le ravissant sourire, et le regard profondément enjôleur de celle dont je mesure la peine autant que je redoute le silence qui nous ferait si mal.
J'aimerais que tu relises le texte qui semble t'avoir blessée alors qu'il n'est que prévenant, les mots qui t'ont heurtée pourtant porteurs de promesses, mais sans colère ni amertume, celles-ci ne m'étant pas imputables car je ne suis que moi, celui qui vient t'indiquer le chemin qui fait le moins souffrir.
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