LE DESIR ET LA TENDRESSE

 

Comme nous sommes faits de présences et d'absences, souvent de blessures inguérissables, écrire reste une façon de mettre en avant quelqu'un qui est vous sans l'être tout à fait, car dans l'imaginaire nous pouvons être plus grand que ce que nous sommes vraiment...

L'écriture est un paysage qui ondule sous nos yeux, une ode à la vie avec ses silences et ses amitiés, ou nous livrons un peu de notre inconscient, ce qui nous fait mal et nous empêche d'avancer, comme s'il s'agissait de tourner des pages de notre vie sans les déchirer.

Plus que l'expression d'un coeur qui bat autrement, quant à nos émotions diffuses, lourdes et imprécises, écrire c'est comme oser prendre la parole pour un temps de survie, et créer un eternel présent qui ne trouve jamais sa fin, sinon celle que vous désirez lui donner.

Face à des émotions et des sentiments qui ne demandent qu'à se réveiller, quant à l'identité qui jaillit souvent de notre prénom, mais qui raconte une culture plus absente que présente en nous,  nous allons et venons surpris d'avoir autant de désir que de tendresse.

Parfois nous nous sentons ridicule et tristement pathétique de ne pas savoir tourner la page qui ne devait être qu'une parenthèse, mais qui en éveillant des sens et des sentiments nous fait confondre amour et affection, et malgré nous avancer sur le fil des émotions.

Dire et accepter ce que nous ne nous avouons pas dans un écrit est une présence à soi et à l'instant présent, un pouvoir d'abandon qui nécessite l'écart nécessaire entre l'imaginaire et la pensée, quant à une existence qui autrement serait restée silencieuse et invisible.

Il peut arriver que quelqu'un nous apprivoise et nous incite à nous découvrir et nous aimer, pour avoir juste compris que la provocation n'étant qu'un piètre moyen de nous défendre de nos propres peurs, il fallait prendre le recul nécessaire qui donne du charme à tout.

Que nous ayons le coeur brisé ou pas nous ne pouvons que nous reconnaître dans les mots des autres, qui ne nous touchent jamais par hasard, ils sont le reflet des souvenirs pénibles qui étouffent la voix et des douleurs qui rodent toujours en ne demandant qu'à jaillir.

Ecrire c'est aller ailleurs que là ou l'on connaît le moindre contour, découvrir un autre qui d'une certaine façon nous sortira un temps ou longtemps de ce que nous tentons en vain de semer et pourquoi pas nous voir autrement, peut-être comme nous sommes vraiment.