LETTRE A MYRIAM...
Au plus loin que je me souvienne, au delà de nos joies et de nos peines tu étais là, parfois aux abords de ma vie, mais si empreinte dans ma destinée comme s'il n'était point d'autre chemin de vie possible pour nous deux.
Il me semble avoir fermé les yeux tellement longtemps que je ne sais plus vraiment qui je suis, si ce n'était toi qui me le rappelait de par l'infinie tendresse qui te caractérise, dont je m'amuse quelquefois sans en ignorer l'importance.
Tu as écouté mon errance, entendu mes absences telle une compagne des mauvais instants, me regardant du bord des yeux comme pour partager mes souffrances, plus encore me faire savoir que ta présence à jamais me serait acquise.
Au plus fort de mes doutes tu étais là, me remplissant de regards aimants, les seuls qui me réconfortaient tout en me mettant mal à l'aise, car je ne savais plus ou trouver les mots qui font du bien, me sentant tellement loin de moi-même.
Nous avons été de toutes les batailles, mais je te voyais tel un soldat silencieux, attentive à préserver l'essence de ce qui nous a un jour réunis, avec la promesse que je t'avais faite de nous inventer un destin, d'inverser le cours des choses.
J'ai été là, tu l'étais aussi comme s'il ne pouvait en être autrement, d'un horizon familial plus que singulier, dont les attentes se voulaient si éloignées des nôtres, nous ne pouvions que nous conjuguer à nos jeunes années pour aller de l'avant.
Je n'ai jamais su te dire ces mots qui sont pourtant si faciles pour moi, comme si la pudeur ancrée dans notre culture défaisait nos élans de cœur, que nous n'avions pas à dévoiler ni nos envies ni nos désirs, que nous devions être un couple comme les autres.
J'ai bravé les difficultés mais laissé courir notre relation, fait de nous deux quelque chose de beau mais d'étrangement tendre, comme celle de ces gens d'avant auxquels je m'étais juré de ne jamais ressembler, le jour ou je me suis mis en tête de te séduire.
Le temps a passé et nous sommes encore là d'avoir évité le pire, empreints de souvenirs et de la mémoire de notre histoire qui n'est belle que du regard que nous portons sur elle, comme s'il nous fallait nous arrêter pour observer et surtout nous comprendre.
Il s'agit de prendre le temps de regarder autour de nous avec dans les yeux une volonté de bonheur et aussi de vieillir ensemble de la même façon que nous nous sommes habitués l'un à l'autre, comme s'il s'agissait de nous séduire une nouvelle fois.
J'ai volé au ciel son silence apaisant, et aux étoiles leur magnificence pour obliger ton sourire, mais de manière éternelle comme s'il s'agissait pour moi de te faire retrouver l'enfant en toi qui n'a jamais été très loin et qui s'est montré tellement patient.
Je conjugue mes vœux aux tiens qui sont depuis toujours aussi simples.
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