LETTRE A MA MERE...
Pour l'œil elle n'est qu'un tendre ravissement, une ode à la vie, de ces senteurs idylliques qui ne demandent qu'à s'exprimer, elle est jeune et si belle que nos yeux ne sauraient se détacher, sinon à regret le coeur au bord de lui-même et si près de pleurer...
Mais un jour elle a voulu se réinventer à sa guise, se lâcher le temps d'une soirée tout en gardant les pieds sur terre, retrouver les sensations propres à l'adolescence, d'ailleurs elle était célibataire et libre, quel meilleur moment pour pénétrer dans une autre réalité.
Pour essayer, pour rigoler ou peut-être fuir sa vie présente, ce terrible sentiment de n'être pas à sa place, pas assez aimée ou considérée, ou seulement d'une faible estime de soi qui remonte à elle ne sait quand, pourtant elle sait qu'elle avait tout et les siens à ses cotés.
C'était juste quelque chose pour se sentir bien, se détendre et assurer davantage, une envie d'évasion, jusqu'à ne plus savoir s'arrêter et faire de belles bêtises, rien que pour avoir voulu se considérer comme quelqu'un qui a besoin d'un plus, aux instants si durs de l'existence.
Pour longtemps naviguer entre sautes d'humeur et impression de lenteur, à ne faire que semblant de n'être pas survoltée devant des parents autrement inquiets, dont l'alarmisme primaire nous fait sourire jusqu'à nous retrouver acculée à l'isolement et à la rupture malgré nous.
Il y a un petit gout métallique qui descend dans la bouche mais qui procure tellement d'illusions, un bonheur artificiel et éphémère qui donne l'impression d'expier son mal être, le partager en solitude et le comprendre, suivi de trop de ces matins brumeux ou l'on se dégoute.
Pour une stupide réaction de rébellion datant de l'enfance, pour s'émanciper, se socialiser ou juste faire un doigt d'honneur à la mort elle se dirige vers ces soirs ou elle se couchera épuisée et vaseuse, pour émerger fracassée au matin, dans l'intime de la sombritude qui ne cesse de la dévorer.
L'impression de force, la sensation d'être plus lucide disparaissent très vite nous laissant qu'à nos corps abimés, et cette fausse amie qui flatte, nous faisant nous sentir plus vivant pour n'avoir parfois pas su gérer une banale blessure de féminité, ou encore moins une maladie de manque d'amour.
C'est telle une attraction fatale et vaine, qui détend, repose puis abrutit , mais qui nous laisse dans les instants de clairvoyance à la nostalgie d'une page de notre vie qui semble encore plus lumineuse, sur le point de vouloir tout arrêter, de juste se mettre à pleurer.
Pourtant c'est lorsque l'on arrête que les vrais problèmes se matérialisent tellement l'on devient dépressive et suicidaire devant cette vie que l'on blesse, la descente aux enfers à laquelle on convie les nôtres, que l'on voudrais tellement avoir la force de retrouver.
Je suis belle, plus belle encore de mon parcours, de ces liens retrouvés qui m'ont aidée, tout ce que je ne semblait pas voir hier, et la mère louve admirable de courage qui donne la vie une seconde fois, pour laquelle on ne saurait ne pas revenir à la vie, de découvrir si souvent les larmes qu'elle sait à peine dissimuler.
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