L'ABOMINABLE CHAOS


 Comment vivre et survivre dans un monde au bord de l'effondrement, devenu plus noir qu'une nuit sans étoiles, là ou les gens se croisent, s'observent et se jaugent furtivement  dans une sorte de valse mélancolique.

Face à une pandémie mondiale et dévastatrice le tragique se mêle à la tendresse et à la dérision, pour retrouver un semblant de vie normale quant à une humanité qui se met à régresser, un mal qui nous met au pied du mur.

L'inconscient collectif nous pousse à penser à un oiseau géant avec son bec, et ses griffes démesurées qui brillent sous la lune, tels les loups garous qui nous effrayaient aux abords de l'enfance, nous faisaient jeter toute logique aux orties.

Lorsque tout semble vaciller nous sommes confrontés à une part d'inconnue, autant que de nous mêmes, car quoi de plus opportun qu'une crise pour nous révéler les pires travers des hommes, qui passent en peu de temps de l'insouciance au déni.

Devant un mal qui supprime l'avenir, les déplacements et les discussions, des populations ignorantes du danger continuent de vivre tel si de rien n'était, comme pour encore plus souligner les défauts et les fragilités d'une époque, un monde en chute libre.

La vie n'est plus elle, le temps est suspendu et on occulte la tristesse de milliers de gens qui d'avoir perdus un proche, ou un emploi, vivent dans la peur permanente de l'autre, l'impression d'épouvante nouvelle quant à l'inéluctable contingence de l'existence.

Nous nous retrouvons face à une quête désespérée de sens, des remords quant à nos élans d'insouciance partagés entre le déni, la confusion, la torpeur et le désarroi quant au mal  foudroyant qui nous retire les pouvoirs de l'amour autant que ceux de l'amitié.

Devant le passé qui n'a que le gout du regret, nous ressemblons davantage à ceux que nous mettons derrière les barreaux, qui ont une belle attitude devant le malheur et la souffrance, en plus de l'habitude du désespoir qui leur permet de vaincre l'ennui et la peur.

Comment s'abstraire d'un abominable chaos qui emporte des malades en un rien de temps, oblige ceux qui sont censés nous porter secours à reculer, ce mal invisible qui fait que nous redoutons moins la maladie que l'imaginaire qui se greffe autour d'elle.

L'œil ennuyé vit dans la confusion d'un malheur collectif, entre convulsions et agonie, et contemple d'une stupeur étonnée la pression écœurante des médias, tout autant que les péripéties toujours plus absurdes et rocambolesques des pouvoirs publics.

Quand elle ne tue pas, la pandémie atrophie les esprits car nous n'avons plus qu'une idée diffuse et lointaine de ce mal qui nous ronge, presqu'irréelle quant à l'urgence à vivre,  une autre mesure du temps et surtout les vies qui défilent sous nos yeux.

Le monde entier touché de plein fouet sombre dans une crise sans précédent, des milliers de cercueils attendent leur heure, en ces temps d'existences gâchées par l'inconséquence de quelques uns, mais plus encore d'un terrible aveuglement collectif.

La pandémie qui ferme le monde n'est qu'un reflet de la mondialisation qui portait en son sein, une cohorte lugubre d'incertitudes, de malaises et d'angoisses qui révèlent tellement les caractères tout en exacerbant les sentiments qui mènent au chacun pour soi.

Vaincus par l'invisible, nous éprouvons la douleur, la souffrance, la solitude et tellement de peur tout autant que de désespoir qui ravagent les corps et les cœurs, comme s'il nous était nécessaire d'enfin ressentir notre fragilité pour ne pas sombrer plus encore dans la démesure.


Avec toutes mes plus sincères condoléances.
















 

 

Commentaires

Maroussia. a dit…
Ta plume se fait douce et romantique quand tu es amoureux, et celle à qui tes mots sont destinés doit être heureuse de cette cascade de tendresse. Par pudeur, et aussi parce que cet amour magique ne me regarde pas, et que les textes sont nommés, je m’abstiens de tout commentaire en me contentant de sourire de tout ce bonheur que vous vivez. Et tu sais à quel, point je suis sincère.
Mais parfois ta plume s’enorgueillit, devient juste, belle, sans fioritures, et elle me touche, car je n’aurais pas su mieux écrire que toi ce climat anxiogène dans lequel nous vivons, et qui nous isole au point de nous faire manquer de l’oxygène de la peau de ceux que nous aimons et que nous ne pouvons plus approcher.
Tu écris vraiment merveilleusement bien.
Je ne sais quel deuil touche C mais sachez tous les deux que je me joins à toute peine, car elle est, par définition injuste.

Bonjour Maroussia. tes compliments me vont toujours droit au coeur ce que tu n'es pas sans ignorer. Ta présence ne me laisse jamais indiffèrent loin de là et ne sera jamais dérangeante ou que je puisse être...Merci de ton sourire qui se voudrait le moins indiscret possible qui à appelé le mien par la même occasion. Tout va bien malgré les aléas de la vie qui touchent un peu tout le monde. Jai trouvé cette façon d'être à ses cotes malgré la distance et aussi parce que ce qui la touche m'atteint énormément, j'ai découvert qu'il était possible d'aimer sans se heurter et j'ai jeté l'ancre. Merci PSDT

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