UNE MERE EN COLERE...
Lorsqu'il s'agit pour une femme de mettre toute son âme dans un seul espoir et d'être dans l'isolement le plus complet pour éviter les questionnements, elle se doit de faire le vide autour d'elle en ces épreuves qui usent une vie, qui devient de ce fait presque sans valeur.
Alors qu'elle a besoin d'avoir d'elle même une image un peu plus glorieuse, des rêves un peu fous, de l'humour et pourquoi pas de l'amour, elle devrait demander aux souffrances de se taire, car il ne devrait s'agir pour elle que de penser la vie en terme de devenir.
Il y a toute une colère qui ne fait que monter quant à sa fierté de mère bafouée, tellement il s'agit de vivre presque contre nature de manière désespérée et tout autant d'avoir envie d'espérer, même en ayant des doutes quant à un univers blafard dont elle doit accepter toutes sortes de délires.
Après avoir pris l'habitude les regards fuyants sans fuir tant années d'impuissance et ne trouvant parfois le plaisir que dans si peu de chose, épuisée et abandonnée entre désarroi et renoncement, elle attend et se ronge n'existant que dans la souffrance au quotidien.
Elle voudrait encore se battre mais le courage lui manque tellement elle est livrée à cette peine qui rassemble la peur et la douleur, tout en n'ayant pour seule arme que son amour qui rend les choses plus vives, alors qu'il lui faut sans cesse tomber et toujours avoir peur de se relever.
C'est telle une révolte intérieure, un défi qu'elle se livre afin de retrouver le bonheur, car elle a cette capacité à rebondir malgré des épisodes douloureux, apte à bâtir la confiance en elle et voir le bon côté des choses de ne point ignorer que le malheur ne sera jamais une destinée.
Elle est une blessée de l'âme qui ne craint pas la solitude, habituée à plier sans rompre et à banaliser ses blessures comme s'il fallait toujours apprivoiser le pire, apprendre à vivre avec, mue par la rage de vaincre et du refus de se sentir condamnée quitte à dessiner des rêves la nuit.
Il s'agirait de pouvoir libérer sa parole pour partager sa peine quitte à sortir des sentiers battus, exorciser le malheur en se construisant une vie malgré tout afin d'accepter toutes les turpitudes d'une existence, une inquiétante destinée qui se nourrit de rêves tout autant qu'elle est un énorme défi.
Tolérer et dépasser l'adversité, un univers de vils souvenirs dus à un accident de parcours, le mutisme lié à la honte et à la culpabilité, la résilience qui ne la laisse plus seule quant à une blessure qu'elle sait présente et le restera toujours, qui fera d'elle à jamais une mère en colère.
Dans le cœur de sa solitude tellement un rien suffit à réduire à néant l'espoir qui réussit, devant les portes fermées et des déceptions, elle est éprouvée par un sentiment de moindre valeur et un quotidien étouffant, ce truc si corrosif qui ronge de l'intérieur sans un regard porteur de vie sur ses malheurs.
Elle veut encore chanter sa vie et la fredonner, ne plus la vivre en lointain murmure entre des flots de pensées et de souvenirs qui se font et se défont en permanence dans son plus profond, toujours de plus en plus contrainte et surtout exacerbée par toutes les angoisses à répétition.
Malgré un sentiment d'isolement et de séparation et un combat périlleux et exigeant, elle rêve de changer sa vie en contemplant son nouveau bleu du ciel, car elle sait quelque part au fond d'elle même que de la souffrance la plus pénible peut parfois survenir le meilleur.
" La solitude est une tempête de silence qui arrache toutes nos branches mortes ."
Khalil GIBRAN
Commentaires
J'ai tenté d'exprimer sa détresse silencieuse, son courage que personne n'entend, comme si je lui hurlais mon amour comme une écoute, une épaule, un écho