LES ARBRES QUI S'ECROULENT...
LETTRE A NOUS TOUS....
Ces derniers temps j'ai été confronté à tellement de décès, assisté à tant d'enterrements que j'en ai été fortement ébranlé comme si je m'ouvrais à l'intérieur, que d'un coup j'étais habité de sentiments contraires, prêt à franchir le seuil d'une autre existence.
Je me suis vu joindre les mains en un geste de prière, et prononcer les mots qui n'ont jamais dépassé ma pensée, car j'avais la sensation que deux mondes se rapprochaient de manière rassurante et porteuse d'espoir, malgré le fait de vivre de cruels tourments.
Il est difficile de trouver les mots pour partager des moments douloureux, quand d’autres voudraient que le monde s'arrête et que l'horloge tourne en arrière, d'essayer de leur faire comprendre qu'il faudrait plutôt vivre la mort telle une nouvelle naissance.
J'ai d'abord été figé par les visages sans vie à en avoir le coeur serré, une douleur profonde et intime, tellement infinie qu'elle me faisait me sentir affreusement vide, entièrement rendu à une soudaine apathie, entre incrédulité, culpabilité tout autant qu'à la colère.
Puis je suis retourné au refuge qu’ont été mes lectures passées quant à la mort, pour mettre à distance la souffrance dés lors que la réalité s'impose durement, et que les pourquoi et les si reviennent en boucle, dans un grand sentiment d'impuissance et de désespoir.
Quand les mots manquent pour donner la parole à la douleur, j'ai appris très tôt à coucher par écrit mes émotions, et en l'occurrence lorsqu'il s'agit de prendre à coeur la fin d'un être humain, qui je sais tellement bien n'a plus que le tombeau pour dernier asile.
J'ai regardé autour de moi et je n'ai vu que des personnes tristes, qui semblaient réaliser leur condition de mortel, les visages de ceux qui ne sont déjà plus semblant si paisibles et comme délivrés d'un fardeau, tels des anges qui se seraient envolés de notre monde.
Mais j'ai tant le coeur envahi de tous ceux qui restent, face à ces vies qui tombent comme des pierres dans un étang, auxquels j'aimerais crier qu'au bout du chagrin il y a toujours une fenêtre ouverte, que ceux que nous aimons sont justes partis de notre regard.
Il est certain qu'un arbre qui s'écroule fera toujours plus de bruit qu'une forêt qui pousse, que les blessures guérissent mais que les cicatrices demeurent, quant à ces rayons de soleil qui vont rejoindre le paradis, tout en continuant d'habiter quelque part en nous.
Même lorsque la mort est prévisible elle laisse en nous une douleur insoutenable, affolante et parfois nous n'en prenons conscience en tant que drames que bien plus tard, après que les uns et les autres soient rentrés chez eux, nous laissant livrés à nous-mêmes.
Pour l'agnostique que j'étais, il est bon de penser qu'un être aimé continue son existence ailleurs pour l'aider à accepter la séparation, de penser que ce que l'on réalise de notre vivant aura un impact sur la vie d'après, pour ne pas cesser d'être un homme de bien.
En attendant restons ensemble jusqu'à ce que l'or du soir tombe, en évoquant de tendres souvenirs, des anecdotes plus ou moins farfelues qui nous ont à un moment liés à ceux qui sont déjà notre mémoire, même si certains éprouvent le besoin de pleurer.
" Quand tu es heureux, regarde au plus profond de toi, tu verras que seul ce qui t'apporte de la peine, t'apporte aussi de la joie. Quand tu es triste, regarde à nouveau dans ton coeur et tu verras que tu pleures ce qui te rendait heureux." Khalil GIBRAN
Commentaires
Notre devoir de mémoire est de ne jamais oublier leurs précieuses existences au travers de ces souvenirs si souvent partagés. Et d'aimer davantage celles et ceux qui restent témoins qu'au delà de la Vie, le message de l'Amour franchit toutes les portes...
Bien fraternellement,
Taïna
Bonjour Taïna en l'espace de trois semaines j'ai subi la perte de cinq proches, assisté à trois enterrements et deux levées du corps (funérarium) pour rapatriement au pays natal...Deux d'entre m'ont heurté de plein fouet car de ma génération et nous avions fait la route ensemble. j'ai tenté comme à mon habitude d'échapper à ces douleurs en les couchants par écrit, il est très aimable à toi de t'y être arrêtée car cela dénote la personnalité très attachante que j'aime tellement. Merci du fond du coeur et à très bientôt embrasse l'ange qui te tient lieu de fille...Toute ma tendresse et surtout prends soin de toi
Que les anges veillent aussi sur vous et vous protègent 🙏🏽