POUR MA MAMAN...


Ma vie est un orage qui fuitou flotte un peu de nuit, quand sans cesse le chemin s'enfonce dans l'improbable, se faufile entre des ruines, là ou il me semble entrer et sortir de moi-même en un long sanglot, sans que je ne puisse me résigner à demeurer sans ailes...

Auprès des remous tourmentés de la colère je me retrouve dans un corps au souffle court, une vie en langue de faim et des lèvres de froid, avec le regret des jours de souffrance qui ont rongé mon avenir, mais à l'émoi de mon coeur je reconnais ta voix maman. 

Je sais à quel point je ressemble à une belle affiche lacérée, quelque abime mélancolique qui s'endort parfois convaincu d'être mort et au lendemain s'étonner que le monde existe encore, celui de la veille ou même la pluie semble chaude comme les larmes.

J'aimerais pour toi dénouer à nouveau la fleur de mon enfance, mes gais cheveux et mes yeux de rire, n'être plus l'océan sans rivages, le regard perdu ou il n'y a plus de grâce, ou chaque instant est pénombre, un trou dans lequel mes peurs gravitent.

En moi souvent l'heure est tardive et gisante, avec un coeur parti dans les yeux qui passent avant que de se perdre dans sa peine, errant dans les parages connus, n'étant que jours de pluie, bois aux reliefs multiples, ou semblerait s'être égaré mon futur.

Il s'agirait de regarder notre nuit à contre-sens, passer le temps tout ce temps passé loin de vous avec juste le chagrin pour refléter les levers et les couchers habillés d'insultes, avec en dernière ligne de silence la prière car il est temps que cette fureur passe ailleurs.

J'ai en moi toute une lourdeur qui se divise en étages, là ou je tente vainement de fatiguer la fatigue et de désespérer les pleurs, peut-être retrouver la longue route des promesses que je vous ai faites, au vu de nos printemps qui se mêlaient constamment à l'hiver.

Ma vie n'est que forêts de nuages et archipels flottants, des fonds d'illusions ou chaque jour n'est que l'expérience du rien, d'où j'appelle depuis l'obscurité à m'en briser pour inventer la fissure qui laisse entrer la lumière, car je te vois maman au travers le temps qui fuit.

Je suis en des songes de cendres, mais depuis peu pour toi j'aimerais me jeter dans les bras du jour, pour te retrouver toi qui veille mes nuits d'insomnies, et donne sa vie pour ne pas nous perdre davantage, quitte à n'avoir pour elle-même que l'espoir de nos sourires.


            Promesse d'une fille pour sa mère à l'aurore de sa vingt-sixième année.

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