L'ECHARPE DU SILENCE...

 

" La beauté est un doux murmure, elle parle en notre esprit, sa voix cède à nos silences, comme une faible lumière qui tremble de peur devant l'ombre."  Khalil GIBRAN

 Aller vers l'autre en donnant tout, devenir quelqu'un d'autre par le silence et la discrétion, c'est se découvrir amoureux au point d'entendre la rumeur des étoiles, qui se fond dans un clair de lune jusqu'à inventer l'aube d'une manière amoureuse.

Je m'étais mis à l'aimer dans le silence et sans espoir, d'un amour si profond et si tendre, de ceux qui se comprennent et s'entendent car ils sont tels les feux des jours, qui en ne se disant pas demeurent des rêveries qui n'ont que le poids des larmes à contenir.

A une fleur en bouton je rêvais d'offrir des roses silencieuses, toutes ces choses que je n'ai encore jamais dites à une femme, ces paroles inachevées qui guettent depuis longtemps ses confidences, un moment suspendu, un silence propres à rassurer.

Il y avait comme une multitude entre nous qui nécessitait que l'on s'y attarde par la parole, le silence n'ayant plus de sens car chargé d'émotions qui tenaillent le corps, comme tant de ces chansons qui disent parfois bien mieux des choses à notre place.

Au travers elle, j'ai entendu les cris muets de toutes les femmes sacrifiées sur l'autel du masculin, et qui ne peuvent même pas cracher leur rage, leur détresse ou leurs souffrances, réduites qu'elles sont au silence ou parfois pire encore à pardonner.

Elle portait encore l'écharpe du silence qui oblige le corps aux souvenirs, quand l'horreur prend ses habitudes avec une parole qui résonne derrière chaque mot, alors qu'il s'agit de remparer tant bien que mal les fêlures que laissent d'autres dans leur sillage.

J'éprouve le besoin irraisonné de l'avoir à mes côtés la plupart du temps, pour estomper son quotidien morose et sans couleurs, en ne cessant de lui promettre le retour sans fin des bonheurs du passé, répétant sans cesse les mots que l'on ne prononce jamais.

      " Les femmes rêvent d'avoir quelqu'un avec qui partager leurs silences."