L'AMOUREUSE IVRESSE...



Je me lève avant que le jour ne s'éclaircisse, la nuit s'étirant inlassablement comme si elle voulait me retenir auprès d'elle, tout en sachant qu'elle n'a rien à m'offrir de plus que la veille, ou les jours précédents ou tu sembles irrésistiblement t'éloigner...

Je me suis blotti dans le cocon des souvenirs, la douce folie qui un jour s'est emparée de nous, l'amoureuse ivresse qui nous tenait éveillés jusque tard le soir, pour retrouver le fil des mots qui étreignaient nos sens jusqu'à nous submerger de bonheur

Sur mon bureau gisent des livres, des lectures improbables qui tentent de distraire l'errant que je suis devenu au fil des ans, des rencontres et des âges qui se succèdent sans que je ne me retrouve dans aucun d'entre eux, toujours tellement loin de moi-même.

Je réunis des pensées qui s'amusent à me narguer, se faisant disparates autant que distantes comme si elles ne m'appartenaient plus vraiment, étrangères à l'inconstance que je nourris tellement je ne me départis jamais de ce que j'ai quitté et continue de me hanter.

Je pense à une vie faite de rebondissements, aux anecdotes heureuses ou malheureuses qui l'ont ponctuée, ces personnes rencontrées qui passent toujours trop vite, certaines que je ne savais guère retenir, tellement j'étais souvent trop près de l'orgueil et de la vanité.

Mais il y a l'aimée aussi proche que lointaine qui m'approche autant qu'elle m'échappe, qui nous veut un destin diffèrent fait d'espoir et de rêves mais à qui la vie ne permettra rien, car je sais la femme qu'elle est, enchâssée au plus profond de ses souffrances de mère.

Et l'aube se profile lestement, promenant sur moi un rayon de lumière pali et timide, comme si de me voir ainsi l'attristait, lui qui m'a longtemps vu courir vers les mots qui fleurent bon la romance et prêtent à la rêverie aussi bas que puissent être les nuages alentours.

Il  y a ces temps qui ne ressemblent plus à rien, une époque trouble qui me donne un vague à l'âme, ces êtres chers partis qui m'ont rappelé que la vie passait, et le chagrin dont s'effare ton coeur qui aspire pourtant tellement à vivre le souffle de vie qu'est notre histoire.

Mais il est un fait dont tu dois être certaine c'est que je t'attendrais, car tu sortiras de la nuit qui n'a que trop longtemps durée, et ces cieux qui te semblent tellement bas qu'ils t'écrasent laisseront filtrer la lumière que tu guettes inlassablement pour éclairer ton horizon.

J'entends tes silences, ta douleur muette, j'embrasse ta peine et je ne suis pas indiffèrent à ton chagrin, mais je ne puis qu'écouter le vent qui porte en son sein les prémices heureux d'un demain dont tu voudrais d'ores faire ton présent, celui ou nous serions ensemble et rien entre nous.

" L’attente est pareille à des ailes.

Plus les ailes sont fortes plus le vol est long. "  RUMI 


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