LES BORDS DE MARNE..

 

J'ai longtemps été pressé  de me soumettre à tous ses désirs, elle qui ne savait qu'aller de l'avant, un véritable tourbillon qui traversait les années avec passion et fureur comme si elle fuyait jusqu'au bout, des désirs qui n'étaient pas les siens plutôt ceux de sa colère...

Elle aimait, croisait, aidait, savait tellement séduire et prendre des risques pour jouer de la vie, tapissée de roses et d'épines, mais tout en restant fidèle à ses révoltes et à ses rêves, quoiqu'elle aimait s'encanailler dans des amours d'un soir ou des nuits d'excès.

Une relation passionnée s'est nouée, déployant tout le spectre de l'amitié et de l'amour entre une jeune fille de dix huit printemps et moi, qui avait le double d'elle, déjà marié, mais elle semblait s'être immiscée au coeur de ma vie sans que je ne sache comment.

Fasciné par sa totale liberté j'ai songé à tout quitter pour elle, car elle prenait un plaisir extrême aux écarts de conduite les plus extravagants entre confusion, colère et désespoir, un clair obscur qui me séduisait de m'être mis à aimer à mon insu son esprit libre et rebelle.

Elle s'est longtemps voulue libre tel un garçon sans pour autant se sentir plus heureuse, n'hésitait pas à bousculer son milieu et les siens, car mal aimée, et rejetée elle courait sans relâche après un bonheur inaccessible, se construisant au coeur de la souffrance.

Je l'ai ressentie comme un désir enivrant et troublant, mais soumise aux tourments non guéris de l'enfance, avec pour toile de fond l'échec et l'infernale ambiguïté de la défaite poignante du couple désarmé de ses parents, qui a provoqué en elle tant de virulence.

J'aimerais draper de douceur le parcours de la petite fille rebelle qui malgré les obstacles et les tenants d'une société patriarcale a toujours cru en ses rêves, jusqu'à se sauver elle même en faisant de sa réalité un conte de fée, et d'une petite fille de rien une femme accomplie.

Enfant tous ses rêves semblaient évanouis de par l'outrance d'un homme, longtemps elle est restée silencieuse et traumatisée sans pouvoir s'exprimer, en une vie de mensonges et d'aveux subtilement travestis, ne rêvant que d'être à sa place quelque part.

A dix huit ans elle avait le plus beau visage du monde, elle était la beauté, l'esprit et la grâce incarnée dans un corps sculpté à sa démesure capable de se reconstruire, grandir et devenir la femme qu'elle est aujourd'hui même après un long et douloureux périple.

Elle est toujours là à prendre conscience de la douleur d'autrui malgré des douleurs qui lui appartiennent, ses blessures et ses tristesses qu'elle ne cesse pas de cacher par pudeur pour seulement se montrer enthousiaste et impétueuse, pleine de vie et de vivacité.

Elle exerce sur moi une réelle fascination de par son gout forcené de l'indépendance, et l'incroyable destin qu'est le sien que les mots ne sauront jamais traduire, et elle a eu le courage d'assumer son intelligence plutôt que de se laisser enfermer par nous.

Marginale, indépendante, audacieuse, et déjà sure de son destin d'exception malgré que nulle fée ne se soit penchée sur son berceau, elle continue de m'offrir mes souvenirs les plus infiniment précieux, ce cocon dans lequel je me plonge pour mesurer ma chance.


Elle avait dix huit ans

Les bords de Marne et tant ses larmes 











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