LES RENCONTRES ...


Il est dur d'aimer en restant soi-même, lorsqu'on est comme moi un esprit chagrin qui n'aime pas qu'on suive un autre chemin que le sien pour n'avoir jamais su vaincre ses peurs et ses angoisses...

Je me sais toujours dans l'instant ou il faut prendre tout, tout de suite sans me soucier de demain, en une osmose passionnée ou il faut pouvoir lâcher prise, avoir le sentiment de vivre l'abandon sous toutes ses formes.

Parfois c'est un désir insensé et continu avec les angoisses, les doutes et autres tortures inhérentes, une exaltation de sentiment ou l'on a le coeur aux aguets, dés lors que le manque obsédant nous pousse à écouter vivre l'autre.

Au début il s'agit de faire vibrer un quotidien morose, en vivant quelque chose de beau et de transgressif, la bulle de liberté ou plus rien n'existe, tellement ce que nous ressentons est hors du commun, tels des amants de coeur.

Peu à peu l'impression de se connaître depuis toujours mais aussi d'avoir tout à se dire devient un manque obsédant car on veut avoir l'autre au plus près de soi, dans une souffrance exquise se rajoutant à une joie enfantine.

Et c'est tel de vivre à la jonction du corps et de l'esprit, tels des inconscients, en un abandon pur dans lequel nous n'avons plus peur de nous perdre, ou ne plus nous contrôler à en être déraisonnables dans une fièvre heureuse. 

En l'explosion de vie qui nous submerge alors, on a l'impression de subir sans la moindre possibilité de reculer, car même si on en souffre c'est encore moins douloureux que de renoncer à celle qui fait que le monde semble s'éclairer.

Un amour ancré qui fait que la vie a plus de couleur mais aussi tel un amour inabouti qui semble suspendu au dessus du temps et de l'espace, un homme et une femme, vieille histoire recommencée qui a la fraicheur du fruit de saison.

Il a suffi de quelques poèmes épars, d'une fièvre heureuse ou l'on interprète un geste, un mot, un silence, l'amour qui tourmente et les chastes retrouvailles en  l'ivraie de l'inconscient qui nous rend maladroitement amoureux.

Parfois nous sommes rendus à des sentiments contraires et sourds, des regrets désabusés, une tendresse qui s'effrite dans le naufrage nous faisant ressentir une ostensible douleur, quant à un reflet indécis de nous qui chancelle.

Dans un sentiment unique qui bouleverse tout sur son passage, et la sensation de pulsion qui fait se rejoindre deux cassures affectives tout en ne supportant aucune séparation, il nous faut sans cesse vaincre peurs et angoisses.

L'homme est une virgule dont la femme est une féminité, un centre de gravité léger et joyeux de l'existence, et qui sans la jalousie qui sans cesse menace de nous aliéner nous verraient drôles, émouvants, lucides et graves.

Mais dés lors que nous ne nous économisons pas, que nous sommes entiers et généreux, surtout que nous savons faire la part des choses entre les doutes et le manque, il advient que nous sachions élaborer de tendres passerelles. 

" l’amour n’est ni raisonnable, ni raisonné.        

    C’est une évidence, une institution. "                        

Anne Bernard

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