LA RAGE AU COEUR...

 

 J'écris, il me semble écrire depuis toujours, il s'agit d'une sorte d'exutoire, et une façon d'apaiser mes peines en chuchotant du bout des lèvres des amours douloureuses, et des rendez vous manqués davantage que les blessures du passé.

Lorsqu'on est adolescent et la rage au cœur on écrit pour quitter sa vie, et le noir devient notre habit de lumière car on a plus que les rêves pour seuls bagages, et des cris d'amour en miroirs tendus qui nous font le regard perdu et profond.

Depuis la petite enfance marquée par les sombres jours de la guerre, je ne suis plus que  d'insondables interrogations sur lesquelles j'ai jeté un voile poétique tel s'il s'agissait de recouvrir les failles et les blessures d'un jardin de silence.

Sans m'en rendre compte je me suis mis à aimer les femmes qui souffrent, et sur la route de mon existence je me suis nourris de complicités qui tournent à l'amour, à une course effrénée aux sentiments impossibles pour de fragiles souvenances.

Les mots écrits ont été le seul moyen que j'ai trouvé pour aller vers les autres, ils savent dévoiler l'âme et mettre à jour l'intime d'un féminin dont la solitude est choisie pour ne pas avoir à subir toutes sortes d'habitudes qui terrorisent.

J'ai su les apprécier mais les comprendre aussi jusqu'à savoir sur leurs tristesses sans fond poser des mots intimes et vrais, des confidences délivrées qui pouvaient presque se murmurer car nous avons tous des choses à oublier de l'enfance.

Ceux que les mots aiment ont le cœur chagrin pour ces femmes qui souffrent dans leur esprit et leur mémoire, et quitte à se priver du propre bonheur, ils aiment écrire la vie en vagues d'amour pour constamment fuir la tiédeur de la routine.

L'écriture est un lieu de repli pour l'innocence abimée, parfois j'écris pour celles que je ne croiserai qu'une fois, ensuite je laisse mourir le souvenir de ces mots que seul le silence semble écouter tel si j'avais été un instant hors du temps.

J'ai épousé de belles solitudes pour lesquelles j'ai écrit  des mots qui réconfortaient mon propre chagrin, car en voyageant dans des vies de femmes ont grandi à notre insu en se découvrant des qualités dans leurs regards.  

« On ne peut être poète sans quelque folie. » Alfred de MUSSET 

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