NOUS AVIONS TRENTE ANS...
Avec toi j'ai été vers le chaos, mon cœur n'étant plus qu'un vacarme permanent et moi une toute petite chose confrontée à la beauté qui entrait dans mon monde et me faisait aussi le quitter.
J'ai en mémoire la première rencontre, et tant la condescendance d'un regard quand Nathalie t'a juste rajoutée en nous présentant, il écrit divinement bien, et il est d'une gentillesse redoutable.
Le stand t'a plu, il était bien tenu, tu t'es empressée vers les fruits, fait deux corbeilles et ensuite demandé de t'aider à les porter à ta voiture sur le parking du marché, il y a de cela longtemps.
Avant de me laisser retourner à mon étal, tu m'as demandé si je lisais et toujours ces fossettes qui creusent délicatement des traits qui m'imprègnent toujours autant et j'ai juste dit oui !
Le samedi suivant puis tant d'autres après lui tu es revenue, mais tu avais apporté un livre comme un défi car c'était "un pavé" que j'ai malgré tout lu rapidement pour t'épater le week-end à venir.
Dans tes yeux il y avait une histoire qui n'a pas manqué d'être, et nous a plongé hors du monde, avec le père LISO en contours, et ta sœur qui ne voyait rien venir sinon que tu avais changé d'avis sur moi.
"Belle de Seigneur" que tu m'as fait lire tel un examen de passage, s'est avéré prémonitoire, tu testais bien finement le romantique que racontait ces yeux qui ressemblaient étrangement aux tiens.
Nous sommes devenus fous des bords de Marne, et de la course aux hôtels dont tu t'amusais à retenir les noms, puis de la fois ou on nous a rattrapés pour un supplément que tu as réglé.
Plus que des amants, davantage que des amis, jusqu'à ce fameux jour ou tu as choisi ta carrière dans un laboratoire bien prometteur mais qui clôturait déjà ce qui me met encore la larme à l'œil.
Tu es revenue quelques fois, venue jusqu'à la réalisation de 1998, accompagnée de "Claire" dont les beaux yeux bleus signifiaient leur consentement, et que je couvrais de si délicates attentions.
Que dire sinon ce que tu as résumé si bien hier au soir, j'étais ton tout dont les pleurs n'ont pas su te retenir, il y a longtemps dans ce pavillon de Montfermeil, après deux décennies de rêve.
J'ai refait surface en tentant de te retrouver dans d'autres, j'ai bu ma colère et t'ai haie puis j'ai oublié à quel point nous étions bien comme la fois ou la tête renversée tu te riais d'une manif.
Avec le temps j'ai fait en sorte de m'en tenir à la tendresse, car en moi vivent le père LISO, Nathalie, et une petite aux yeux bleus qui aurait pu être la notre, ainsi que l'indicible amour de toi.
" Tout s'oublie, même les grands amours.
C'est ce qu'il y a de triste et d'exaltant à la fois dans la vie.
C'est pour çà qu'il est bon quand même d'avoir eu un grand amour,
une passion malheureuse dans sa vie.
Ca fait au moins un alibi pour les désespoirs sans raison dont nous sommes accablés.
J.P. SARTRE
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