SOUVENIRS MUETS...

 

Tu as depuis peu les mots qui pleurent, bruissent comme des sources d'eau dormante, pour ce père dont les rêves anciens ont des senteurs d'orange, et qui semble s'amuser avec les feuilles mortes du jour.

Seul sur les pavés de l'horreur, son esprit vagabonde sur quelques repères du passé et si à l'oubli son cœur se refuse il comprend être à jamais meurtri d'une vie qui veut le fuir en emportant sa mémoire.

Il se retrouve dans un univers qui n'a plus ni passé ni lendemain, et malgré ses yeux si vivants et si poignants il se devine perdu en ces bribes, ces fragments riches de sens entourés de brouillard.

Parfois il est drôle et imprévisible avec des regards qui te serrent le cœur car si seul un voile vous sépare, attentive et inquiète tu ne peux que scruter ses mots qui s'emmêlent et étiolent vos échanges.

Il se veut l'évidence d'une rencontre qui en éclipse bien d'autres et entre vous il se passe des petits riens, tout autant que le détail qui bouleverse car tout en lui est devenu une sorte de trame usée.

Il s'agit pour toi de donner du sens à des choses insensées, n'avoir à vivre que des journées
mélancoliques ou tragiques face à celui devenu petit et fragile avec beaucoup d'émotion et de pudeur.

Brutalement réunis par l'émotion, la peur, l'humour et le fou rire toujours empreint d'angoisse, il s'agit pour toi de calmer ses pleurs et ses peurs car tout est irrémédiablement fermé autour de lui.


une fille et son père

Ne sois pas inquiète c'est toujours ainsi lorsque s'invite un nouvel horizon, comme un naufrage qui te fait t'apercevoir dans un miroir qui n'est ni vraiment le passé non plus que le présent.

Avec justesse et sensibilité, tendresse et humour il s'agira pour toi de lui rappeler quelque chose des moments heureux, l'encourager à s'ancrer dans tes yeux sans l'angoisse de n'y rien trouver.

Car lorsqu'on se sent échouer au souvenir de son prénom, l'oubli de soi, des siens et de tout, c'est tel d'être dans des sables mouvants et arides, en un grand vide ou votre vie semble sommeiller.


" L'allégresse et l'angoisse. Ce qu'il y a peut-être de plus remarquable à la fois dans l'histoire et dans l'existence de chacun d'entre nous, c'est cette sorte d'équilibre qui n'est jamais rompu entre le bonheur et le malheur. 
On dirait qu'une force mystérieuse  les empêche l'un et l'autre de s'installer pour toujours."

Jean d'ORMESSON


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