UNE FEMME DE CHEZ NOUS...
Tristement tu nous as quittés et les langues se sont déliées tel un vibrant hommage à ces silences qui entourent souvent la vie des femmes, ces brisures qui les drapent de mystère.
Je t'ai toujours aperçue sans plus que cela me poser des questions, semblable à la légèreté qui caractérise les femmes de chez nous, tu n'as pas fait de bruit, invisible d'un bout à l'autre du chemin.
De mon beau-père tu étais la sœur, mais il n'a jamais pris soin de me parler de toi, raconté quoi que ce soit peut-être par pudeur, qui m'eut fait esquisser un sourire autre que simplement poli.
Je n'ai pas su découvrir derrière la gentillesse de ton regard tant de tes souffrances tues, presque banales au regard de ce qui avait coutume d'être dans notre milieu, et dont on ne parlait que petitement.
J'entendais mais j'ignorais ces polémiques autour de ta condition, un état de santé préoccupant que j'ai occulté qui me rappelait trop le nôtre, ma mère nous aliénant encore à la maladie.
J'ai haï à nouveau un milieu qui permet d'innommables atrocités, tout en se prosternant cinq fois par jour devant une réalité qui leur échappe dans son essence, un monde qui enferme les femmes.
Tristement j'ai revêtu l'humilité de ceux qui osent dire je ne sais rien mais je m'appliquerai à être meilleur, refaire s'il le faut le chemin à l'envers, contribuer à ma façon à un autre regard.
Ton histoire n'est pas perdue, elle fera partie de moi pour que cesse l'aveuglement qui caractérise les hommes, que des brutes dans le déni ont éduqué dans leur dureté vis à vis des femmes.
Ces mots tendres je me les suis écrits à moi-même mais je les ferai lire sans rien rajouter d'autre pour respecter le silence dont tu t'es drapée tout au long de ta vie, comme habituée à l'injustice.
Me sont revenues toutes ces fois ou tu me délivrais un petit sourire qui ne s'est pas ensuivi des quelques mots qui peut-être t'auraient fait plaisir, et je me sens tellement indigne depuis ton départ !
J'aimerai tant que les regards cherchent au delà, plus loin que les silences et les non dits de celles qui sont nos mères, nos filles et nos sœurs pour qu'elles se sentent enfin moins invisibles.
" Le cœur de la femme s'attache parce qu'il donne, le cœur de l'homme se détache parce qu'il reçoit." Victor HUGO
En hommage à Aldjia BRAHMI née TAKARIT
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