UNE PETITE FILLE DE SURVIVANT...
Tu donnes le sentiment d'une histoire qui n'a pas de fin quant à ces yeux embués de larmes, un père qui transmet quelque chose de par son silence et une mère qui laisse une trace derrière elle...
Il n'est pas simple de faire le deuil des figures parentales et des lieux avec lesquels on s'est construit, non plus que de faire fi de vies demeurées entre-parenthèses et enfermées dans la douleur !
Mais de bribes de lumière en étincelles d'espoir enfouies, tu as su de manière audacieuse affronter le passé et ce malgré une mémoire de l'horreur, en sortir bien plus forte et tellement plus lumineuse.
Car tu t'es reconnue un droit à exister malgré une histoire qui ne doit pas sombrer dans l'oubli, quitte à vivre un exil qui s'est avéré propice tant il n'est jamais dans l'air du temps de renaitre de ses souffrances.
Tu as toujours en ton regard ceux qui seront étrangement absents, et une résonnance tragique ou un oubli impossible d'une identité embourbée et combien semblable à une fine pluie et un soleil de plomb.
Afin de fuir une certaine précarité, tu t'es ancrée à un destin tenace et singulier, puis à l'aune d'un mutisme inlassable et dérisoire parfois obsédant, tu prouves que la vie n'a jamais dit son dernier mot.
Entre l'Europe et l'Asie on a fait taire un peuple symboliquement disparu, l'intolérance et la haine ont laissé des êtres dévorés par des questions sans réponses et...une petite fille de survivants.
Il y a eu les souffrances et les espoirs, et le legs d'un traumatisme fait de faux semblants et travestissement pour aller vers les autres, l'aveu difficile de qui on est à tenter de traduire l'innommable.
Je te sens entrainer à ta suite un passé qui persiste à te poursuivre, mais sans plus personne pour répondre à tes doutes et tes attentes, une lourdeur, ou une tristesse innée liée à tes racines.
Tu fais comme si pour toi il s'agissait d'une simple blessure parmi d'autres, mais tes yeux sont toujours empreints d'elle qui ne t'a pas vue grandir et de lui que tu voulais si grandement retenir.
Avec toute mon admiration, en te priant de bien vouloir excuser le tutoiement qui sied mieux à un écrit qui se réclame de l'amitié...
« Des myosotis violets pour dire à ta mère, ton père et à l’Arménie que tu ne les oublies pas …»
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