PARDON MA TANTE ...
Elle n'est plus qu'une petite fille aux yeux divins, qui se plait à faire affront aux ans, qui s'étonne et s'émerveille d'une jeunesse que rien ne vient rider, et sait qu'il faut si peu de place pour être heureuse.
Depuis longtemps elle ne frémit plus de peur, mais se souvient le temps d'un sanglot
autant des joies que des peines, semblable à un rameau qui fleurit mais sans vraiment trop se demander pour qui !
La délicatesse des traits dénote avec l'impuissance de la vieillesse, et les souvenirs exaltés
qui surgissent du bord des yeux, ne sont que des blessures présentes, mêmes si passées, et une âme nullement ridée.
Un joli petit instant auquel d'habitude je ne prête guère attention, le ciel était si haut et si bleu que nos liens distendus et tant les aléas de l'âge ne semblent plus qu'un léger voile en bout de chemin.
Le cœur fragile, les mains fébriles s'essayant vainement à sourire à une vie nouvelle, le regard légèrement tourné et baissé vers les murs désertés de ses petits, qui ont été remplacés par leurs enfants.
Dans le bleu délavé des yeux qui empruntent à la pluie, il y a une femme debout jusqu'au bout, et que l'on imagine assise le regard perdu dans l'obscurité sans rien dire, mélancolique et candide.
Un teint clair et pâle à la lumière du jour, celui de ma tante si bien dans un moment qui passe et dont on imagine les larmes qui n'ont pas manqué de ruisseler, qui semble avoir tellement pleuré de douleur et de peur.
J'étais partagé entre son ton grave et son rire cristallin, noyée dans les souvenirs des temps d'autrefois, ou elle nous régalait de petites choses toutes simples mais qui font pleurer ma mémoire.
VIREUX MOHLAIN le 31 Juillet 2022
" On voudrait bien nous faire prendre la jeunesse pour le diable, c'est rassurant pour ceux que leurs miroirs attristent."
L. ARAGON
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